Décembre, c’est l’époque des contes de Noël, des lutins, de la dinde et des bonnets rouges… Mais dans votre petit monde intérieur, qu’est-ce que ce fameux vingt-cinq décembre ? Ou vous imagineriez-vous être aux douze coups de minuit ? Laissez-vous aller et posez pour nous au pied du sapin quelques mots en cadeau…


Vous l’aurez compris, le thème de cette joute de Noël est imposé : les textes écrits devront être en accord avec la période des fêtes. Somme toute, ce thème n’a rien d’original et manque même un peu d’intérêt… Mais on ne va pas s’arrêter là, bien sûr. Dans chaque texte devront être placés 5 mots n’ayant strictement aucun rapport avec le thème !  Ces 5 mots seront bien évidemment différents pour chaque auteur (sinon ce serait trop simple hein) et tous les autres (auteurs comme lecteurs) auront pour but de les découvrir !


Principe du jeu :

- N’importe qui, participant ou non, peut m’envoyer par MP des mots à replacer. Seuls certains de ces mots seront sélectionnés et redistribués entre les auteurs.

- Les participants écriront leurs textes avec les mots que je leur imposerai. Les textes pourront bien sûr avoir toutes les formes précédemment admises (voir post-it [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]).

- Les participants posteront au compte-gouttes, dès qu’ils auront fini de rédiger. De cette manière, la lecture et le repérage des mots sera plus aisé.

- Tout le monde, autant les autres participants que les non-participants, pourra proposer ses solutions. Il faut impérativement proposer 5 mots (on ne gagne qu'en ayant les 5 bons), afin d’éviter que tout le monde mette juste ceux qu’ils ont proposés. L’auteur ou moi donneront le nombre de bonnes réponses dans les 5 mots, puis dans un second temps si c’est trop dur, nous validerons quels mots sont bons.

- Pour ma part, je me ferai imposer mes mots par Yukikudo qui sera mon arbitre, il n’y a pas de raison que je choisisse moi-même quels mots je cache, ce serait de la triche. Je ne pourrai bien sûr pas participer à  la recherche des mots dans les textes, je jouerai le rôle d’arbitre.



Alors ? Prêts à nous rendre mad ?  

Il était une fois, dans un monde reculé ou l’hiver était un temps de fêtes et de banquets et où les clowns étaient rois, un gros homme difforme, habillé dans une salopette luxueuse beaucoup trop grande pour lui, qui traversait un champ enneigé en grommelant. Il semblait avoir perdu quelque chose et être très mécontent. Il était suivi d’un homme plus petit, à l’air un peu bête et aux oreilles décollées, qui riait sans savoir s’arrêter. Le gros se retourna brusquement et se planta face à son acolyte dont les rires redoublèrent : l’homme difforme n’avait pas de nez.

- Ecoute-moi bien petit, gronda-t-il, ce n’est pas parce que tu sais lancer des couteaux que tu es en droit de te foutre de moi. Je suis le clown, tu me dois respect et obéissance, tu comprends ce que je te dis ?
- Peut-être… Mais mes couteaux au moins ne fuguent pas ! Là, majesté, vous ne pouvez même plus vous considérer comme un clown : vous n’avez plus de nez. Pffffwahahaha !
- Ose rajouter un mot et je te jure que se n’est pas qu’un nez que tu vas perdre, s’énerve le gros en soulevant l’autre par le col.
- Ergh, arrêtez, vous allez me stranguler ! C’est bon, c’est bon, je ne dirai plus rien !
- On dit « étrangler », imbécile.

Le roi se retourna et recommença à fouiller les hautes herbes à la recherche du nez fugitif, laissant derrière lui un marquis indécis. Devait-il insister sur le fait que stranguler était aussi valable qu’étrangler, ou plutôt se taire et suivre en silence ? La colère de son compagnon l’ayant refroidi quelque peu, il se décida pour la seconde option et repris la route, grognant qu’il ne se porterait plus jamais volontaire pour ce genre de stupidités. Soudain, il aperçut entre deux épis une petite boule rouge sur le point de disparaitre.

- Là ! Majesté, à votre gauche !

Le clown bondit avec une agilité dont on ne l’aurait pas cru capable et enferma le pauvre nez rouge dans une cloche de verre. Après l’avoir fermée avec toutes les précautions possibles, il tendit la cage improvisée au marquis lanceur de couteaux et sourit.

- Et bien voila, ainsi tout rentre dans l’ordre et nul ne pourra plus contester ma place sur le trône !
- Majesté, si je puis me permettre, la situation reste légèrement délicate…
- Je t’écoute, ne fais donc pas tant de manières ! N’es-tu pas mon plus vieil ami ?
- C’est que, voyez-vous, demain est Noël et comme le veut la tradition, quiconque le souhaite peut, durant le repas, vous mettre au défi…
- Je le sais oui, chaque année le même ennui, ils sont des dizaines de saltimbanques à venir s’exhiber devant moi dans des tours ridicules, à réciter les vers endormants de leurs épopées grotesques… Je suis lassé des ces tournois !
- Et pour garder votre trône, vous vous devez, à la fin de la soirée, de porter aux yeux de tous votre nez rouge, afin qu’il vienne lui-même prendre place au centre de votre visage, symbole de votre pouvoir sacré par les dieux…
- Non ! Cette sale bestiole ne me ferait pas ça !
- J’ai bien peur que si, majesté. Cela devient fréquent, dans les royaumes voisins, de plus en plus de nez prennent parti pour les révolutions… Vous savez comme moi qu’ils viendront ce soir réclamer la liberté du pays.
- Ils viennent tous les ans. Maudits musiciens ! Pourquoi le peuple sacré s’allierait-il avec ces… ces…
- Je l’ignore, seigneur, mais celui-ci sera difficile à convaincre.
- Soit, déclara le roi avec humeur. Que l’on me trouve son peuple, et qu’on les enferme. Il n’aura pas le choix.

A la faveur des ténèbres nocturnes, des saltimbanques furent envoyés aux quatre coins du royaume à la recherche des villages cachés des nez et lorsque le roi apparut au balcon qui surplombait la grande place pour l’ouverture du tournoi de cirque, il semblait parfaitement serein. Les tours s’enchainèrent et les bravos retentirent à travers toute la capitale, mais les murmures discrets disaient tout autre chose. On parlait de violence, d’égo surdéveloppé, de tours usés… Le peuple grondait sans oser s’élever. Aux premières lueurs du crépuscule, on dressa un banquet somptueux devant les portes du palais et le roi s’avança pour entamer le discours de Noël. Un rouleau à la main, il se plaça en avant de la table des nobles, au sommet des quelques marches qui les séparaient du peuple, et entama sa longue litanie.

- Il paraphrase, constata un jeune comte audacieux.
- S’il avait seulement fait cet effort ! Il répète les mêmes mots depuis dix ans et il n’est même pas fichu de les apprendre… Même moi je connais son discours par cœur !
- Silence ! chuchota un vieil aristocrate.
- Ils arrivent !

Le cri enthousiaste, porté par la voix aigu d’un groupe d’enfants, créa un tumulte incomparable à travers l’assemblée. Les musiciens étaient là. Des portes de la ville jusqu’à celles du palais, tout le monde s’écarta avec le plus grand respect afin de laisser passer un cortège somptueux. Deux lourds chevaux pommelés tiraient une charrette qui semblai décorée de mille et une fleurs d’un rouge éclatant et au centre de laquelle un jeune homme habillé de vert était assis sur une chaise, cet étrange carrosse entouré par un groupe de jeunes gens vêtus des mêmes couleurs qui jouaient d’un instrument à corde venu du monde du grand nord. Leur chef, jusque là perché sur sa chaise, bondit aux pieds du roi et s’inclina si bas que son bonnet souple en pointe lui revint devant la figure. Le roi, sûr de lui, ne pris pas même la peine de s’incliner un peu.

- Mon roi, je me présente ici avec la requête que vous savez, puissiez-vous ne me la refuser.
- Quelle est donc cette requête, manant ?
- Quittez cette royauté, libérez votre peuple de bon gré, puissiez-vous ainsi sauver votre âme et votre honneur.
- Mon âme est celle d’un roi et mon honneur est sauf. Je règne ici en tant qu’appelé du peuple sacré. Je suis lassé de vos enfantillage, ma clémence est grande mais elle a ses limites, foutez-moi ça au trou.
- Pardonnez majesté, mais c’est la trêve de Noël, vous n’avez point ce droit. Maintenant, allons, tout le monde attend. Que l’envoyé du peuple élu manifeste sa volonté.

La ville entière se tut, submergée par l’angoisse de l’attente et subjuguée par la beauté du petit être que le roi venait de libérer de sa cloche de verre. Le nez était rond et pelucheux, d’un rouge des plus éclatants et se tenait debout sur ses jambes fines comme des brindilles, les bras croisés et le regard féroce. Le roi se penchant vers lui murmura si bas que nul autre n’eût pu entendre :

- Tu connais le sort réservé aux tiens si tu refuses.
- C’est triste, j’en suis rempli de chagrin, mais les miens connaissent la mission du peuple élu. C’en est assez, je vous ai trop souvent laissé de deuxièmes chances. De plus, je doute fort qu’il vous reste à présent l’autorité de leur faire quoi que ce soit.

Sur ces mots sarcastiques, le nez bondit en direction du musicien mais, maladroit, rata sur nez et dû s’agripper en urgence au bout de son bonnet. Le jeune musicien se releva et d’un ton impérieux, déclara le dernier roi clown déchu et banni dans l’heure. Le peuple fut traversé d’acclamation et de cris de joies, ainsi que le petit peuple élu rassemblé sur la charrette qui, de fait, n’était pas décorée de fleurs. C’est depuis ce jour que chaque année, à Noël, des lutins vêtus de verts et portant, au bout de leur bonnet, un pompon rouge, descendent du grand nord sur un traineau pour distribuer partout de la joie. Et depuis ce jour également, les clowns portent sur le nez une boule rouge pincée qui leur rappelle douloureusement comment, par leurs fautes, ils sont passés de rois à bouffons !