LE SUICIDE
Au Japon le suicide n'a pas du tout la connotation négative que nous lui connaissons en Occident. Alors que dans la religion catholique, le suicide est un péché et mène droit aux enfers, dans la culture japonaise, le suicide est un moyen de garder ou de retrouver la chose la plus importante au monde : l'honneur.
Différentes sortes de suicides
Il existe des dizaines d'expressions désignant le suicide et toutes ont des sens légèrement différents (pour montrer à quel point c'est important).
Le inseki jisatsu : suicide pour éviter la honte ;
Le gyokusaï : suicide d'honneur, largement pratiqué au cours de la seconde Guerre mondiale par les soldats japonais, pour éviter de se rendre ;
Le shinju : double suicide avec ses variantes :
L'oyako shinju : suicide des parents et du/des enfant(s) ;
Le boshi shinju : suicide de la mère et du/des enfant(s) ;
Le fushi shinju : suicide du père et du/des enfant(s) ;
Le goï shinju lorsque le/les enfant(s) sont volontaires au suicide familial ;
Le muri shinju dans le cas contraire ;
Le kobara : suicide pour le bien des enfants ;
Le robuka : suicide pour le bien de la famille ;
Le funshi : suicide pour exprimer son indignation et sa révolte.
Le jigai : suicide le plus noble accordé aux femmes de samouraïs ou aux femmes nobles (une forme de seppuku pour les femmes qui leur permettent de laver leur honneur : elles se tranchent la carotide avec les jambes entravées pour garder une attitude décente dans la mort).
En plus de ces suicides « civils », qui servaient plutôt à ne pas subir le poids de la honte jusqu'à la fin de ses jours, il y a le suicide militaire qui permet à un guerrier vaincu de retrouver son honneur et qui s'inscrit dans le code du
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Seppuku.
Le Seppuku
Cette sorte de suicide particulière était réservée aux samouraïs, aux daimyos (seigneurs) et à certains guerriers (et donc interdit aux femmes et aux civils). Il est apparu au cours du XIIe siècle et a été interdit (officiellement) en 1868 mais continue d'avoir lieu chez les militaires jusqu'à la 2e Guerre mondiale.
Il n'était utilisé (en gros) que dans quatre occasions :
À l'issue d'une défaite au combat. Être fait prisonnier ne constituait pas tant un échec qu'un déshonneur, non seulement pour soi mais pour ses compagnons et son maître ; pour éviter de souiller le nom de ce dernier, un samouraï vaincu et sans possibilité d'échapper à l'ennemi, préférait se donner la mort. Ce type de seppuku est rapide et violent, généralement effectué avec un tantō (sabre le plus court) ou un wakisashi ;
Le pouvoir politique du shogun est marqué par les rivalités ; lorsqu'un vassal était amené à critiquer ouvertement le shogun, il pratiquait le seppuku, tout à la fois pour préserver son honneur, et pour attirer l'attention du dirigeant. Ces remontrances sont désignées par le terme de kanshi ;
À l'inverse, à partir du shogun Ieyasu Tokugawa, la procédure inverse fut créée, comme une sanction à l'infidélité des vassaux. Une fois encore, le seppuku était l'unique manière d'éviter le déshonneur du clan : il s'agissait donc d'une offre de pitié, le tsumebara ;
Au XVIIe siècle, le seppuku fut enfin l'occasion de suicides de groupe chez les samouraïs, qui par leur mort, rendaient hommage à leur maître en le suivant par-delà l'épreuve de la mort. Le seppuku est donc également le signe du dévouement, le junshi gouvernement interdit ce type de suicide collectif en 1665.
Il a aussi été utilisé comme sorte de condamnation à mort avec l'étranglement et la décapitation (le pire des déshonneurs lorsqu'elle n'est pas accompagnée du Seppuku).
Il existe trois formes majeures de Seppuku :
-
Première forme moins douloureuse (donc moins honorable mais plus courante) ou le mourant est décapité par un ami pour mettre fin à ses souffrances.
-
Seppuku à proprement parler où le samouraï se laisse mourir (en se vidant petit à petit de ses entrailles)
-
Jumongi-giri (ou Giri no jumonji) encore plus douloureux et plus long. C'est la forme la plus honorable du seppuku.
La cérémonie du seppuku
Dans le cadre du Bushido, le seppuku n'est pas un acte solitaire, c'est une cérémonie extrêmement codée avec un publique restreint et trié sur le volet qui doit assisté le samouraï dans sa mort. Le plus important des témoins est le
kaishakunin qui était choisi pour mettre fin à la souffrance du condamné dans la forme la moins noble (souvent un ami, un parent ou un homme de confiance).
La veille de la cérémonie, le condamné prend part à un dernier dîner avec son
kaishakunin.
En général, la cérémonie se déroulait dans un temple ou dans la maison du seigneur. Le samouraï revêt un kimono blanc ajusté et retenu par un Obi TRES serré pour retenir les viscères ( pour que ça dure plus longtemps
). Il entre par le Nord (et son kaishakunin par le Sud) et s'assoie à genoux sur un tatami avec un shogi (petit tabouret) ou un coussin sous les fesses (ça le stabilise, lui permet de garder la position de seiza pendant la cérémonie (ça lui évite de s'écrouler mollement sur le côté quand il se vide de son sang quoi...)). En général il est placé face au kenshi (inspecteur).
Près de lui étaient disposés :
-Un
sabre court (wakizashi) (cela est réservé aux plus grands samouraïs et est considéré comme un honneur supplémentaire) ou plus souvent un poignard (tanto) enroulé dans deux feuilles de papier de soie
- De l'
encre- Un
pinceau de calligraphie- Quelques
feuilles de papier de riz- Un
verre de Sake Il traçait un Waka (poème court) qui reflétait son état d'esprit sur le papier de riz et en faisait la lecture. Puis il ouvrait son kimono (
faites pas gaffe au délire...
) et une personne désignée lui présentait le plateau sur lequel reposait l'arme alors que son kaishakunin attendait derrière lui.
Il enfonçait le tanto dans la partie gauche de son abdomen, juste sous le nombril, et remontait en diagonale vers la droite (vous comprenez mieux pourquoi il doit avoir un Obi très serré ??). La forme simple s’arrêtait alors et le kaishakunin (si il y en avait un) abrégeait les souffrances du mourant en le décapitant
Le kaishakunin risquait également sa vie car il devait tranché la tête d'un mourant d'un coup et avant que le corps s'écroule. Si il ne réussissait pas, il se faisait alors lui même seppuku (et c'est déjà arrivé... Mishima ça vous dit quelque chose ?)
Dans la version la plus extrême du seppuku, une deuxième incision se rajoutait à la première. Le samouraï retirait le couteau pour le planté au niveau du sternum et descendre barrer la première incision.
Certaines personnalités ayant effectué le Seppuku.
Minamoto no Yorimasa en 1180 ;
Minamoto no Yoshitsune en 1189 ;
Kusunoki Masashige en 1336 ;
Oda Nobunaga le 21 juin 1582 ;
Shibata Katsuie le 14 juin 1583 ;
Hōjō Ujimasa en 1590 ;
Sen no Rikyū en 1591 ;
Les 47 rōnin en 1701 ;
Takamori Saigō le 24 septembre 1877 ;
Tadamichi Kuribayashi en 1945 (non attesté) ;
Anami Korechika en 1945 ;
Yukio Mishima le 25 novembre 1970.
- Petite anecdote sur Mishima:
Pour ceux que ça intéresse :
Mishima est un auteur qui s'est fait seppuku après avoir raté un poutch avec sa milice (pour que les traditions du japon ne soient pas oubliées) et amener son corps à un état de beauté suprême d'après lui.
Il avait choisit comme kaishakunin, Tatenokai Masakatsu Morita (son amant,
car oui, Mishima était un homosexuel notoire
). Mais l'homme est jeune et inexpérimenté et il tremble au moment de frapper.
Un autre homme est obligé de finir le rituel. Il suit donc Mishima dans la mort.
- Merci à:
- Wikipédia
-
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Corrigé par Elyon
Message relu et corrigé par Ao-chin