Très bonne initiative que l'écriture d'un tel article ! Un peu de culture ne peut jamais faire de mal.
Cependant, si je puis me permettre, il existe en effet le Haiku, mais aussi le Haikai, le Tanka, et le Waka ;).
C'est juste que le Haiku est le style poétique japonais le plus connu, mais il en existe en réalité une myriade.
Tanka 短歌 ("poème court")Comme son nom l'indique, il s'agit d'un poème court. Cependant, une fois comparé au haiku, il paraît plus long. Je m'explique.
Comme l'a bien mentionné Matt-san, le Haiku se compose de dix-sept sons, et sont - généralement - divisés en trois parties : 5 - 7 - 5. Ces sons sont appelés mores (/mor/). Ils ne sont pas des syllabes, car une syllabe ne peut être qu'une simple voyelle, alors que le japonais comporte beaucoup de sons de ce genre.
Pour en revenir au Tanka, il se compose quant à lui de trente-et-un sons, répartis comme suit : 5 - 7 - 5 - 7 - 7. Le Haiku est en fait une partie d'un Tanka, les dix-sept premières mores, que l'on nomme kami no ku (上の句) ("la partie du dessus"). Elle s'oppose au shimo no ku (下の句), les quatorze mores restantes.
La rime n'est pas inhérente à la poésie japonaise, si je me souviens bien. Par contre, faire rimer les vers dans une traduction ne la rend que plus belle et travaillée, à condition de respecter le nombre originel de "syllabes". René Sieffert est l'une des références en la matière, si jamais cela vous intéresse de lire ses traductions. Il a par ailleurs traduit le Dit du Genji en français, et il va sans dire qu'il était extrêmement compétent.
Petite note : Tanka fut un terme originellement utilisé pour le différencier du Chôka ("poésie longue"), mais après l'écriture du Kokinwaka-shû (plus communément raccouri en Kokin-shû), fut nommé Waka ("poème japonais").
Si vous voulez un exemple de Tanka, le premier poème cité dans ma signature en est un exemple flagrant. 和泉式部Izumi Shikibu fait partie des femmes les plus célèbres de son époque - 平安時代Heian Jidai, ère Heian, tout comme 紫式部 Murasaki Shikibu, la célèbre auteure de (源氏物語, Genji Monogatari),
Le Dit du Genji. Sans citer la grande 清少納言 Sei Shônagon (枕草子,
Makura no sôshi, Roman de Chevet), mais je m'éloigne du sujet principal.
Voici d'ailleurs une traduction anglaise de Cheveux emmêlés (乱れ髪,
Midare gami) - le Tanka cité dans ma signature, qui est tout à fait superbe :
(Kurokami no / midare mo shirazu / uchi fuseba / madzu kaki yarishi / hito zo kohishiki - ancienne lecture)
Lying here alone,
not caring that my black hair
is all in tangles,
with yearning, I'm reminded
how once he would unwind it.
La liberté prise pour la traduction - celle de ne pas respecter la mise en page fait mouche.
Haikai no renga (modernement appelé renku) 俳諧の連歌(連句)Le Renga ("poésie contributive") est un style de poésie se faisant en collaboration avec d'autres poètes. Il se divise en deux styles : Renga court (短連歌,
tan-renga) en deux verx de 7 - 7 mores, et Renga long (長連歌,
chô-renga), par exemple en 5 - 7 - 5 mores.
Lors de la période Edo (江戸時代,
Edo Jidai), les citoyens étant plus familiers avec le Renga, les règles d'écriture (式目,
shikimoku) se virent simplifiées, ce qui permit aux écrivaisn de pouvoir s'exprimer plus librement. Les Kasen (歌仙, "génies poétiques") poèmes en trente-six strophes) devinrent les Renga les plus connus, et les mots d'argot de l'époque, ainsi que les mots chinois furent incorporés dans leur écriture. L'humour fit son apparition dans le Renga, et ce style en vint à être nommé (俳諧の連歌,
Haikai no renga), "Vers liés comiques". Il existe un autre genre de Haikai no renga, le (半歌仙,
han-kasen), qui semble s'être développé au XVIIème siècle. Il comporte dix-sept strophes.
Waka 和歌, anciennement écrit 倭歌 ("poème japonais")Le Waka a également une autre appellation, qui est (大和歌,
Yamato-uta) "la poésie de Yamato", Yamato représentant bien évidemment le Japon.
Ce terme a deux significations bien distinctes, mais sachez qu'il est surtout usité pour désigner les poèmes en 5 - 7 - 5 - 7 - 7.
Etc.
Désolée pour le long post, mais j'espère que cela pourra être utile à ceux qui aimerait en savoir plus à propos de la poésie japonaise.
Je tiens cependant à préciser que je n'ai pas mentionné tous les genres existants, car il y en a beaucoup.