Joute n°2

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L'homme est un mouton.
Il suit le troupeau en bêlant que la destination ne lui convient pas, mais il le suit quand même.
Comme un wagon fermement arrimé à la locomotive et qui n'aurait pas d'autre choix que d'aller tout droit.
Mais quand il regarde autour de lui, il se pose la question :

La joute est officiellement ouverte!
A vos plumes de Canari! (Oups, pas pu m'en empêcher )

Rendez-vous aux lecteurs le premier mars!


(si quelqu'un veut s'ajouter... il n'est jamais trop tard )

Et si ...
Le Japon n'était qu'une illusion ?
...et si...
Pour des milliers, la Terre s'arrêtait de tourner?
...et si...
Des larmes d'un bleu azurés viendraient le long des joues perler?
...et si...
L'espace d'un instant s'arrêterait le temps
...et si...
Tout stopperai, un Monde s'écroulerait
...et si...
Genoux à Terre, dans un dernier Seiza, un cri monterait ça et là
...et si...
Par milles lieux, à l'unisson, le cœur crèverait le son
...et si...
Crève-cœur de réalité, total insensibilitée
...et si...
Tourné vers le ciel, un "pourquoi?" superficiel
...et si...
Des milles couleurs de l'Arc, si le rouge est le plus âcre
...et si...
Il n'en est que le plus loué, chanté, Lui le premier
...et si.
Le Soleil pour destination, je ne peux imaginer d'autre maison. Telle est ma Passion!

Bon ce n'est pas à la hauteur de ce que je pensais. Dommage!

"Et si… " rendu le 2 mars 2011



Vendredi, 8H02 : réveil brutal.

J’étais en plein rêve, ou sommeil noir et profond, enfin peut importe, j’ai été réveillé par deux imbéciles se battant par rapport l’absence du lait dans le frigo du communautaire et c’est horriblement désagréable. En plus, il est beaucoup trop tôt. Je suis de l’après-midi, moi.
8H02 précises.
Autrement dit, au moins cinq heures avant mon horaire habituel.
Je descends, les yeux encore gonflés de sommeil et d’une humeur pire que massacrante, avec la ferme intention d’enfoncer la tête des deux coupables dans la porte du frigo, lorsque je me souviens que c’est moi qui ai vidé le lait. Tant pis, je ferai l’innocent encore une fois.

- Yo le Coloc’ !
- ‘lut Matthias, Hannick…
- Encore bien réveillé on dirait! Rit ma charmante - et agaçante - colocataire. Tu vas encore glander toute la journée dans le commu devant la télé à bouffer des restes de pizza de la veille ?
- Qu’est-ce que tu veux que je fasse d’autre ?

Je hausse les épaules et fouille dans les placards à la recherche de n’importe quoi qui se mange mais m’arrête brusquement, paralysé par la proposition de Matthias.

- Et si t’allais en cours, pour changer ?
- Et si… quoi ?!


10H30 : Auditoire D18.

- Tu es nouveau ?

Je redresse la tête et me retrouve face à une jolie brune qui a la mauvaise idée de s’asseoir à côté de moi. En plus elle semble bavarde. Je commence vraiment à me demander pourquoi j’y suis finalement venu, à ce cours. Il n’a pas encore débuté et je m’ennuie déjà. Alors si une potiche se met en tête de me faire la conversation, je sens que je ne vais pas rester jusqu’à l’arrivée du prof.

- Non, je suis pas nouveau.
- Je suis certaine de ne jamais t’avoir vu à ce cours pourtant.
- Parce que je ne suis jamais venu, et d’ailleurs, je vais repartir aussi sec, on ne change pas les bonnes habitudes.
- Tu manques quelque chose !
- Ah oui ?
- Oui. Je n’en ai jamais manqué un, et crois-moi, c’est pas pour la matière ! Il se passe des tas de choses intéressantes ici ! J’adore observer les gens. Je connais nom, prénom, surnoms et mauvaises habitudes de tout le monde.
- Et ça t’amuse ?
- Essaie, pour voir !
- Ok, montre-moi ton savoir.

Je m’installe au fond de mon siège, sûr de moi. Je sens qu’elle va me sortir des stupidités énormes, et j’ai bien l’intention de la coincer. Cette fille est juste une pimbèche arrogante. Bien foutue, certes, mais ça reste une pimbèche. J’avise un pauvre gars roux au premier rang. Autant commencer par un sujet facile si je veux m’occuper pour les deux heures à venir.

- Qu’est-ce que tu sais sur lui ?
- Il attire toujours le regard, le pauvre. Kévin, vingt-trois ans, filière éco, toujours puceau…
- Forcément, il est roux !
- Tu es cruel ! Mais c’est vrai. Et tu ne l’as pas vu de face ! Il a un air bête, enfin pas juste un air, et il est fou de la fille là-bas. Louisa, dix-neuf ans, mariée -si c’est vrai- mais comme elle ne le dit pas, il espère encore. Autre chose ?
- Le prof vient d’entrer.
- Et alors ? Il est pratiquement aveugle. Il a des tics amusants… Il donne mal cours, mais ça reste captivant !


12H30 : Fin du cours.

- Alors ? Je suis toujours une gamine qui veut faire son intéressante ?
- Eh, j’ai jamais dit ça !
- Tu l’as pensé tellement fort… Allez, avoue que tu t’es bien amusé à ce cours !
- J’avoue, j’en ai appris plus que j’aurais jamais cru.

Je ris et je replie mes affaires pour rentrer déjeuner. Cela fait près de trois heures que je n’ai rien avalé, mon estomac proteste. Je m’apprête à sortir mais la fille me retient d’une injonction.

- Eh, le glandeur ! Comment tu t’appelles ?

Je la regarde avec de grands yeux, comme si me demander mon nom était la chose la plus stupide qu’elle puisse faire. Il faut dire, quand on s’appelle Jean-François-Ibrahim, résultat foireux du mélange improbable entre une bourgeoise française et un père musulman, on ne s’en vante pas. Je lui souffle quand même et m’empresse de rajouter devant son air ahuri que tout le monde m’appelle « Le Coloc’ », d’abord parce que Matthias ne pouvait pas prononcer mon nom en entier sans se tromper, et par extension parce que j’étais toujours au communautaire, peu importe l’heure du jour - puisque la nuit, il m’arrivait de sortir.

- Je peux t’appeler Jifi ?
- Jifi ?
- Ce sont tes initiales ! Mais si ça te dérange…
- Non, du tout. Et toi ?
- Emilie. Je suis en sociologie, si tu n’avais pas remarqué.
- Ok, alors je t’appellerai Lily
- Lily ? Pourquoi ?
- Pour ne pas être le seul à avoir un surnom mignon… Sur ce !
- Je suppose que c’est trop espérer de te dire « On se voit en cours ».- Vu que cet aprèm, c’est droit…
- Je peux essayer de te convaincre ?

Je la regarde, interloqué, mais cède face à son sourire espiègle et son regard décidé. A croire qu’elle est certaine de gagner.

- Je n’arriverais pas à achever seul ma pizza.


14H06 : Plus de pizza.

- On est en retard.

J’ai dit ça avec un ton triomphateur et Lily se met à rire après avoir regardé sa montre. Elle a perdu, je ne suis pas en cours de droit. Je suis un peu fier de moi, mais en la regardant secouer la tête avec amusement, feignant d’être désespérée, je n’arrive plus à me souvenir de l’objet du pari. Je me sens un peu étrange. L’air de pimbèche sérieuse que je lui avais attribué par à-priori a totalement disparu et je me surprends à la trouver mignonne. Je cligne des yeux pour reprendre mes esprits discrètement mais lorsque je les rouvre, je me sens encore plus embarrassé : Lily s’est brusquement penchée vers moi et son visage est bien trop proche.

- Tu as gagné, je te dois un verre.
- Zut, j’aurais préféré te l’offrir.

J’ai parlé trop vite. Je regrette, je voudrais remonter le temps. Et voilà qu’elle m’observe d’une manière étrange, avec surprise et… intérêt ? Sans doute, je suis un cas sociologique assez particulier, après tout. Elle se lève brusquement, ouvre mon frigo, grimace devant les canettes de bière et se tourne vers moi, prenant un ton parfaitement innocent.

- Et si on laissait tomber le verre et que tu te faisais pardonner de m’avoir fait rater un cours pour la première fois ?

"Et si…" Je commence à bien les aimer, ces mots-là ! Je la rejoins, l’acculant contre le meuble sur lequel j’appuie mes mains de chaque côté et lui réponds dans les yeux avec un sourire entendu :

- Je sens que ça ne va pas être la dernière…

Et si... j'étais libre.
Libre de toutes encrages,
Libre comme l'air
Libre comme les nuages dans le ciel,
Libre de faire ce qu'il me plait,
Libre de voler,
Libre de parler,
Libre de rencontrer les personnes qui me feront rire et sourire
Libre de pleurer quand j'en ai envie,
Libre de rester au lit,
Libre de danser, chanter, jouer, voyager,
Libre de voguer au gré du vent,
Libre de regarder la pluie tomber,
Libre de m'envoler haut, très haut
Libre... oui libre de faire ce qu'il me plait
Et si j'étais libre, je t'épouserai,
Et si j'étais libre, je m'en irai
Et si j'étais libre, tous mes rêves se réaliseraient
Libre... oui si j'étais libre...