Un homme traversant la rue se fait percuter par un camion et meurt sur le coup.
Il passe une porte et se retrouve dans un grand hall d'un blanc immaculé où seul un vieux bureau en bois trône en son centre. Derrière celui-ci se trouve une femme brune d'une trentaine d'années petite et potelée aux allures de secrétaire en tailleur blanc, à droite du bureau une porte, à gauche une autre porte.
A droite l’entrée divine, à gauche la renaissance.
Réalisant qu'il était mort, il prit peur et revint sur ses pas, cherchant à retourner auprès de sa famille. Il finit par y parvenir mais personne ne put le voir ou l'entendre. Désespéré il observa sa famille vivre sans lui, tentant de temps en temps de les toucher ou de bouger certains objets pour leur signifier sa présence, sans résultat. Il se résigna donc.
Durant plusieurs années, il vit ses filles grandir et devenir femmes. Un jour, alors qu'il suivait sa fille la plus âgée, qui était enceinte de 8 mois, il aperçut de loin un camion roulant à vive allure et se dirigeant droit vers elle. Il tente de la prévenir ou de la pousser mais rien n'y fait. Affolé et se sentant tellement impuissant, il hurla, un cri sans son. Pourtant, elle se fait percuter. L'homme pensant sa fille morte s’effondre.
Soudain il est rappelé dans le fameux hall du départ et est guidé par la secrétaire jusqu’à la porte de gauche, l'homme dévasté se laissant faire, entre et est aveuglé par une forte lumière.
Lorsqu’il rouvre les yeux il est dans le corps d'un bébé, il regarde tout autour de lui et voit sa fille saine et sauve dans un lit d’hôpital. Tout le reste de la famille entre dans la chambre, il est comblé maintenant il peut rester auprès d'eux, un cri de joie lui échappe et avec celui-ci les derniers souvenirs de sa vie passée.

Un jeune homme observe les étoiles, allongé sur son toit, quand soudainement une magnifique étoile filante passe et s’écrase dans son jardin. Curieux, il descend de son toit pour voir à quoi elle ressemble. Arrivé au niveau de celle-ci, une sorte de forme spectrale blanche en sort. Étonné, il recule. Cette forme semblant vivante, il sursauta lorsque qu'une voix résonna dans sa tête :
" Bonsoir, mon frère."
- Qui es-tu ?! Ou plutôt qu’es-tu ? Et je ne suis pas ton frère, dit-il effrayé.
" Notre mère m'a envoyée te chercher, une chose terrible se passe sur notre planète et nous sommes les seuls à pouvoir faire le Voyage."
- Je n'ai pas de mère, elle est morte quand j’étais enfant !
" Je suis ta sœur, notre mère est bien en vie. Il y a longtemps, mère est venue sur cette terre et a rencontré notre père. Ils s'aimaient et ont eu deux enfants. Mais suite à une perturbation du lien entre nos deux planètes, mère dut repartir et je l'ai accompagnée. A cette époque tu n'étais âgé que de deux ans. Tu ne pouvais pas encore faire le Voyage alors tu es resté ici avec père."
- C'est ridicule ! Si c'était vraiment le cas alors pourquoi ce n'est pas ma mère qui vient directement me chercher ?
"Étant mi-humaine et mi-céleste, je suis liée à la Terre. Le Voyage reste difficile mais je peux le faire grâce à ce lien. Alors que mère est uniquement un membre du peuple Céleste."
- Pourquoi mon père ne m'a-t-il jamais parlé de ça ?
" L'aurais-tu cru ?"
- Non… Sûrement pas.
" Je suis sûre que tu sens au fond de toi que tu n'as jamais été comme tous ces autres humains."
- Peut-être, c'est vrai. C'est tellement invraisemblable mais j'ai envie de te croire. Donc d'après ce que tu dis, je serais moi aussi capable de faire le Voyage ?
" Oui car tu es toi aussi mi-humain mi-céleste. Pour ton premier voyage tu auras besoin de mon aide."
- Je veux voir ma... notre mère. Mais j'aurais quand même besoin d'une preuve. Je ne peux pas partir et laisser mon père seul uniquement parce que j'ai le pressentiment que je peux croire en toi.
Elle réfléchit. Puis son visage s’éclaira.
" Mais oui bien sûr ! Quand j'avais sept ans et que je suis partie, je me souviens encore de notre mère te changeant les couches. J’ai donc pu voir ta tache de naissance en forme de soleil sur… ta fesse gauche..."
Il rougit.

- Effectivement c'est un détail que très peu connaissent.
"Très bien ! Alors allons-y. Le temps presse, bientôt le lien ne pourra plus être réparé et il sera trop tard. "
- Attend ! Je ne peux pas partir comme ça et laisser mon père mourir d’inquiétude. Je vais lui laisser un mot.
Il entra dans la maison et en ressortit quelques minutes plus tard.
- Je suis prêt. Mais au fait quel est ton prénom ? Tu as beau être ma sœur, je l'ignore.
Elle sourit gentiment.
" Je m’appelle Estelle."
- Ok. Moi c'est Louis.
" Je sais."
Sur ce, elle enroula ce qui semblait être son bras autour du poignet de Louis et ils s’envolèrent. La soudaine vitesse lui coupa le souffle mais une fois une certaine distance parcourue il s'y habitua. Alors il prit le temps de regarder autour de lui et c'est un magnifique spectacle de lumière qui s’offrait à lui. Ils voyageaient parmi les étoiles, c'était magnifique. Après à peu près une heure de trajet ils approchèrent d'une planète ressemblant beaucoup à la Terre. Plus ils s'approchaient, plus Louis était émerveillé. Contrairement à la sa planète natale celle-ci avait l'air plus verdoyante et sauvage. Soudain Louis se rendit compte que leur vitesse ne diminuait pas et ils se rapprochaient dangereusement du sol. Il ferma les yeux s'attendant à un impact douloureux. Ne se sentant plus tomber il rouvrit les yeux et il s’aperçut qu’il se tenait à un mètre du sol. Estelle avait amorti la chute en s'accrochant aux différents arbres environnant, sa forme spectrale le lui permettant. Une fois sains et saufs sur la terre ferme, il était déjà temps pour eux de reprendre la route.

" Je n'ai pas très bien calculé notre trajectoire d’atterrissage alors nous allons devoir marcher un peu. Je vais en profiter pour t'expliquer pourquoi nous sommes les seuls à pouvoir sauver le Chemin. Il existe une prophétie qui dit :

Lorsque les enfants de l'aube et du crépuscule seront réunis, l'univers s'ouvrira permettant au rêve et à la réalité de ne faire plus qu'un telles les deux faces d'une même pièce."

Elle marqua une pause pour laisser le temps à son frère d’assimiler ces informations.
" Cette prophétie a été étudiée et il est certain que les enfants de l'aube et du crépuscule soient toi et moi car nous appartenons aux deux mondes."
- Wow... et si ce n’est pas nous ? dit-il sceptique.
" Ils ont passé un temps incalculable à étudier cette prophétie. S’il s’avère que ce n'est pas nous j'en connais qui n'y survivront pas."
- Et où allons-nous pour l’instant ?
" Chez moi. Je dois récupérer mon corps."
- Ah oui. Je commençais à m'habituer à ta forme.
Après une petite demi-heure ils arrivèrent dans une ville dont les rues étaient désertes. Une situation normale étant donné que c'était le milieu de la nuit. Une fois arrivés dans l'appartement :
" Attends-moi ici, j'en ai pour cinq minutes."
- Ok.
Louis commença à détailler le petit appartement. Une cuisine ouverte qui donne sur un salon dont les couleurs sont chaleureuses. Cela avait l'air d'être un lieu agréable ou vivre. La porte par laquelle sa sœur spectrale était passée s’ouvrit et il y vit sortir une jolie jeune femme brune avec d’immenses yeux verts et un teint halé. Voilà donc le véritable aspect de sa sœur. Ils se ressemblaient un peu surtout les yeux et les cheveux visiblement difficiles à dompter autant pour l'un que pour l'autre.
- Et voilà ! Me voilà sous mon aspect « humain ». On se ressemble pas mal petit frère, dit-elle en riant. Bon, je te propose que nous partions demain matin pour le moment reposons-nous. Je vais t'installer le canapé. Elle déplia le canapé et chacun alla se coucher.
Le lendemain matin ils partirent à l'aube en direction du Temple des étoiles où ils devaient retrouver un scientifique du nom de Dacarn Teisch, celui-ci avait vivement participé aux recherches autour de la prophétie. Une fois arrivés ils se retrouvèrent devant une immense porte en pierre.
- Comment allons-nous passer cette porte, elle a l'air terriblement lourde, s’interrogea Louis.
- Et bien c'est très simple, dit une voix inconnue.
Ils se retournèrent et se retrouvèrent en face d'un homme d'une vingtaine d'années, barbu, habillé d'une blouse.
« J'imagine que c'est le scientifique.» Pensa Louis.
- Ah professeur Teisch. Je vous présente mon frère Louis, nous venons tout juste d'arriver.
- Ravi de vous rencontrer, vous ressemblez beaucoup à votre mère.
- Je suis également ravi, monsieur, dit timidement Louis.
- Oh ! Appelle-moi Dacarn. Bon il est temps de commencer nous n'avons pas tout notre temps. Selon notre étude, au niveau de la porte il y a un système de reconnaissance, par contre nous ne savons pas de quel type : visuel, ADN, reconnaissance rétinienne ou autre. En bref nous devons faire quelques tests.
Estelle et Louis se lancèrent un regard quelque peu inquiet. C'est alors qu'une série de test commença sans grand résultat. La porte ne s’ouvrait ni à la force ni à la voix ni à l'ADN. Mais alors qu'ils commençaient à douter quant à la signification de la prophétie, Estelle vit de chaque côté de la porte de tout petits creux qui une fois bien dépoussiérés ressemblaient à une empreinte de main. Ils se postèrent donc chacun d'un côté de la porte et placèrent leur main dans les creux, ceux-ci commencèrent à briller et la porte s'ouvrit.
- Enfin ! Soupira Louis.
- Allons-y. Dit Estelle.
Malheureusement pour moi, seuls les enfants de l'aube et du crépuscule sont autorisés à entrer. J'attendrais votre retour au pied du temple, j'y ai installé ma tente. Bonne chance.
-Merci professeur, dit Estelle.

Sur ces quelques mots, ils entrèrent et se retrouvèrent dans un long couloir bordé de colonnes. Lorsqu’ils avancèrent la porte d'entrée se referma dans un bruit sec. Un système de lumière de déclencha et c'est à ce moment-là que, voyant une autre porte au fond du couloir, ils se dirigèrent vers celle-ci.
-Bon ! Comment on l'ouvre celle-là ?
Son regard fut attiré vers une plaque à côté de la porte, avec un texte qu'il lut à voix haute.

-J'ai des ailes et ne suis pas un oiseau. Pourtant je vole aussi bien que le moineau. Qui suis-je ?...

-C'est une énigme ? C'est ça le prochain système d'ouverture ? Comme dans les films ? Dit Louis étonné.
Estelle réfléchit.
-Ah je sais ! Une chauve-souris.
Rien ne se passa pendant quelques secondes, puis la porte s’ouvrit dans grincements douloureux.
-Continuons !
Ils arrivèrent dans un autre couloir cette fois bordé d'eau. De nouveau une porte avec une inscription sur le côté.

-Je donne mon nom et ma profession ; je suis l'ennemi des poissons. Qui suis-je?

Ils réfléchirent un moment sans trouver de réponse.
-Cette fois je ne vois vraiment pas, dit Estelle.
-Le nom d'un animal qui se nourrit de poisson… un nom composé. Le martin-pêcheur ?
La porte s'ouvrit à nouveau.
-C'est plutôt facile. Je pense que n'importe qui aurait pu venir ici, dit Louis.
-C'est vrai mais il doit y avoir autre chose.
Ils entrèrent et cette fois se retrouvèrent dans une pièce entièrement ronde, avec en son centre une table de pierre dans laquelle était encastrée une coupe et, posé à son côté, une petite dague.
-Ne me dis pas qu'il faut qu'on… Tu sais, je déteste la vue du sang. Ça me paraît logique pour vérifier si on est bien les enfants de la prophétie mais est-ce vraiment nécessaire ?
-Ils disent bien les enfants... donc plusieurs et ne fais pas ton peureux maintenant qu'on y est on doit le faire.
-Elle prit la dague et se coupa sans hésitation la paume de la main.
Hum c'est vrai que ça pique un peu… Allez à toi, dit-elle en lui tendant la dague.
-D'accord, d'accord.
Après quelques minutes d'hésitation il se décida à s'entailler lui aussi la main, ils laissèrent leur sang couler dans la coupe, mais rien ne se passa.
-Ne me dis pas que je viens de risquer d'avoir le tétanos pour ri...
Il n'eut pas le temps de finir sa phrase que la salle où ils se trouvaient fut inondée d'une vive lumière blanche. Après quelques secondes d'aveuglement la lumière se stabilisa. Une colonne de lumière qui partait de la table jusqu'au ciel s'était formée. Une porte au fond de la pièce s'ouvrit leur permettant de sortir. Ils se retrouvèrent dehors, à l'arrière du temple. Ils firent le tour et retrouvèrent le professeur Teisch.
-Alors comment était ce ? Je veux que vous me racontiez tout en détail ! Je veux aussi connaître….
-Un autre jour professeur, ils doivent être épuisés, le coupa une voix féminine inconnue.
-Mère ! cria Estelle en se levant pour l'embrasser.
-Mère ? dit Louis hésitant.
Elle s'approcha de Louis et le prit dans ses bras. -Tu as tellement grandi et tu m’as tellement manqué.
-Oh mère, j'ai tellement de choses à te dire et à te demander.
-Oui je sais, mais pas maintenant il faut que tu saches que le temps ne passe pas de la même façon ici et sur Terre. Pour ton père cela fait presque une semaine que tu t'es absenté. Maintenant que le Chemin est réparé tu vas pouvoir rentrer seul et nous viendrons vous rejoindre dans deux jours, le temps de régler certaines choses. Après nous aurons tout le temps du monde.
-Mais je ne sais même pas comment faire pour rentrer.
-Tu as juste à penser très fort à l'endroit où tu souhaites atterrir. Ferme les yeux et concentre-toi.
Il ferma les yeux et se concentra au maximum, quand il les rouvrit il était allongé sur son toit devant un immense ciel étoilé.
-Un rêve ? se demandait-il perturbé.
Il descendit du toit et vit le trou laissé dans le sol par sa sœur, alors il courut retrouver son père pour tout lui raconter. Et deux jours plus tard sa mère et sa sœur arrivèrent à la maison où à présent rires et joies avaient élus domicile.