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Fanfiction sur Zin (Jupiter) |
| Réputation du message : 100% (3 votes) Hello !! Voila ma nouvelle fanfiction, sur le visual kei et plus particulièrement Zin, le chanteur de Jupiter. Il y aura d'autres personnages, issus de divers groupes de visual kei. Cette fanfiction est un peu spéciale. Il s'agit d'un spin off d'une autre fanfiction. Il n'est cependant pas nécessaire d'avoir lu la fanfiction originale pour comprendre la mienne, je vais juste expliquer vite fait l'univers, et voila. La fanfiction dont la mienne est dérivée s'appelle "Les Mercenaires". Elle a été écrite par ma sempai de yaoi (comment ça c'est un surnom bizarre ?), Kuroryuu. Vous la trouverez [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] si ça vous intéresse, ça parle de Dir en Grey. Je vous explique donc vite fait l'univers : Cela se passe dans un univers médiéval-fantastique. L'histoire commence dans le Royaume de Zakuro. Trois mercenaires incompétents (Kaoru, Die et Kyo du groupe Dir en Grey) doivent aller sauver la "princesse" Toshiya et son valet Shinya (de Dir en Grey aussi) qui sont retenus prisonniers chez le Duc Kamijo (Versailles), dans le royaume de Xanadu, voisin de celui de Zakuro. Ma fanfiction se passe donc dans le royaume de Xanadu, chez le Duc Kamijo, peu après la libération de Toshiya et Shinya par les mercenaires. Les personnages : Tout sera expliqué dans ma fic, je met juste des photos pour que vous compreniez de qui ça parle. - Spoiler:
Kamijo (Versailles) : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Dans la fanfic de ma sempai, Kamijo est le Duc de la Luxure. Il a obtenu son titre de Duc en séduisant le Roi de Xanadu, Kisaki. Il a enlevé Toshiya dans le but de l'épouser, et a aussi trois amants : Hizaki, Teru (Versailles, Jupiter) et Kaya (Schwarz Stein, Femme Fatale). Zin (Jupiter) : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Masashi (Versailles, Jupiter) : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Yuki (Versailles, Jupiter) : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Les autres persos sont seulement évoqués (peut-être pas dans le premier chapitre, je ne sais plus), je les met quand même histoire que ça soit complet ^^ : - Spoiler:
Hizaki (Versailles, Jupiter) : Teru (Versailles, Jupiter) : Kaya (Schwarz Stein, Femme Fatale) : Kisaki (Lin -the end of corruption world-) : Toshiya (Dir en Grey) :
Chapitre 1 : - Spoiler:
Le Duc Kamijo, que l'on appelait à juste titre "Duc de la luxure", était un homme ambitieux. D'origine roturière, il avait obtenu son titre de Duc en séduisant Kisaki, le souverain de Xanadu. Mais Kamijo visait plus haut. Un Duc n'est rien devant un Roi, et c'était le titre que briguait Kamijo.
Conscient de son charme et sûr de lui, le Duc avait d'abord tenté de séduire la Princesse Toshiya de Zakuro afin d'obtenir sa main et de devenir Roi de Zakuro. Mais Toshiya l'avait éconduit d'une manière fort peu courtoise, et son père le Roi de Zakuro lui avait ri au nez en apprenant ses origines roturières. Kamijo, blessé dans son honneur, avait alors pris l'initiative d'enlever Toshiya et de le retenir prisonnier jusqu'à son père consente à lui offrir sa main. Il avait également décidé de profiter de la captivité de Toshiya pour en abuser sexuellement afin de se venger. Oui, le Duc Kamijo était ce genre d'homme.
Hélas, rien ne s'était passé comme prévu. Enlever Tohiya s'était révélé être la plus grosse erreur de Kamijo. Toshiya était encore plus sadique, cruel et pervers que lui. Il était insupportable ! Il passait son temps à rabaisser Kamijo et ses amants et à se plaindre. Ah, si seulement Kamijo avait réfléchi un peu plus longtemps avant de l'enlever ! Mais ce qui était fait était fait. Il ne pouvait pas ramener Toshiya à Zakuro, à cause du monstrueux dragon maléfique qui rôdait dans la région. Il l'avait donc gardé enfermé dans un cachot.
Toshiya y était resté jusqu’à ce qu'un groupe de valeureux mercenaires vienne le délivrer, enfin ! Trop heureux de se débarrasser de l'odieux prince, Kamijo avait chaleureusement remercié les mercenaires et leur avait prié de vite ramener Toshiya chez lui, en les poussant carrément hors de son château.
Mais cette malheureuse expérience n'avait en rien entaché les rêves de pouvoir du Duc de la luxure. Il souhaitait plus que jamais accéder aux plus hautes fonctions, et avait donc décidé de se livrer à une guerre d'influence contre le seigneur Kisaki. Tout en lui passant de la pommade sur le dos, continuant de le séduire et de se dire son dévoué serviteur, il mobilisait l'armée de son duché, liait des liens commerciaux en secret avec d'autres royaumes, affermissait son pouvoir sur ses sujets d'une main de fer, en vue d'un putsch qui devrait le propulser à la tête du royaume.
Tout ceci bien sûr se déroulait dans le plus grand mépris des intérêts du peuple. Kamijo se fichait éperdument de la crise économique qui secouait son duché, des mauvaises récoltes de l'année, de la vague de lèpre dans l'Ouest du duché, ou encore des démons qui apparaissaient de plus en plus souvent dans tout le royaume. Il aurait bien le temps de s'occuper de tout cela une fois Roi, se disait-il, du moins si son emploi du temps très chargé le permettrait. En effet, il n'était pas question de faire passer ses responsabilités de souverain avant sa vie sexuelle très épanouie.
Un seul homme osait s'opposer au Duc : son jeune frère, Zin.
"Kamijo, je t'en prie, cesse cette folie !" s'écria Zin au cours d'une réunion du conseil privé de Kamijo. "Ne vois-tu pas que tu mènes le duché à sa perte ? Si tu t'acharnes, le royaume entier en souffrira !"
"Allons bon, petit frère, ne sois pas si pessimiste ! Quand je serais Roi, je..."
"Tu ne seras jamais Roi, imbécile !" le coupa Zin, exaspéré de répéter toujours la même chose en vain. "Sans le peuple, un Roi n'est rien. Et crois-moi, tu es bien loin d'avoir l'adhésion du peuple ! Si seulement tu prenais le temps d'écouter tes sujets, peut-être que tu finirais par t'en rendre compte..."
"Ecouter ses sujets ? Quelle drôle d'idée !" s'exclama Kamijo avec un gloussement. Ses conseillers se forcèrent à rire également. "Vraiment hilarant. Maintenant, si tu as fini de dire des bêtises, on va peut-être pouvoir reprendre la réunion !"
Ce n'était pas la première fois que Zin faisait part de son indignation face aux ambitions démesurées de son frère, mais il se heurtait toujours à un mur d'indifférence. Il ne pouvait souffrir plus longtemps cette situation. Il ne pouvait pas rester les bras croisés alors que le peuple subissait les écarts de leur seigneur.
"Kamijo... Il n'y a pas si longtemps tu avais encore des idéaux..." soupira le jeune homme. Son regard mélancolique se durcit et il fixa Kamijo d'un air froid. "Je ne peux pas supporter de te voir sombrer dans la folie sans rien faire. Je quitte le château sur le champ !"
"Tu n'es pas sérieux, Zin ? Où iras-tu si tu pars ?" demanda Kamijo, plus amusé qu'inquiet. "Je suis ta seule famille ! Reste ici et cesse de te mêler de la politique. Tu n'es pas fait pour ça."
C'en était trop. Lançant un dernier regard plein de mépris à son grand frère, Zin tourna les talons et sortit de la salle de réunion, la tête haute.
Quelques heures plus tard, Zin quittait le château pour n'y jamais revenir, seulement accompagné de quelques valets.
Zin n'avait accédé à la noblesse qu'en même temps que son frère, grâce à l'influence que ce dernier avait auprès du seigneur Kisaki. Mais il était déjà riche bien avant cela, leurs parents à Kamijo et lui roulaient littéralement sur l'or. A leur mort, ils avaient tout légué à leurs deux fils. Zin avait profité de ce contexte aisé, sachant qu'il n'aurait jamais de problème financier, pour se consacrer à des activités qui lui plaisaient. Pendant quelques années, il fut ainsi barde. Profitant de son statut, il chanta dans les plus grandes cours du pays, parfois même devant le Roi ! Hizaki, un des amants de Kamijo, avait d'ailleurs déclaré que le jeune Zin possédait la plus belle voix de Xanadu.
Mais Zin n'était pas que voix et richesses. Il possédait quelque chose que Kamijo n'avait pas : des pouvoirs magiques. Zin avait découvert ses dons très tôt et avait appris à les maîtriser avec un précepteur. Après ses quelques années de vie insouciante en tant que barde, il avait suivi les cours du collège de magie d'Arcadia et avait obtenu son diplôme de mage.
Même si certains mages choisissaient de ne pas se spécialiser et de pratiquer tous les types de magie, Zin avait montré une affinité particulière pour la magie de glace. C'était donc tout naturellement qu'il s'était spécialisé dans ce type de magie. Il possédait d'ailleurs un très joli bâton de mage tout blanc, élégamment dessiné et renfermant dans une orbe en son sommet un cristal de glace éternelle.
Pour aller avec ce magnifique bâton, il s'était fait confectionner des vêtements de mage d'une grande richesse et d'une grande finesse. D'un blanc immaculé, ils étaient brodés d'or et seyaient à son statut. Bien sûr ils lui donnaient l'air efféminé, mais Zin cultivait cette androgynie . Il était d'une grande beauté, jeune, fluet et gracile. Ses traits fins et délicats étaient mis en valeur par son maquillage, et ses cheveux blonds mi-longs étaient toujours coiffés de manière élaborée. Même quand il ne portait pas son costume de mage, optant alors pour des vêtements noirs mais toujours richement ouvragés, il conservait cet aspect androgyne.
Zin était donc un barde et un mage. Comme l'avait dit Kamijo, il n'était pas fait pour la politique. A une époque, les affaires du royaume lui passaient d'ailleurs bien au-dessus de la tête. Il préférait chanter et vivre la belle vie chez les riches. La vie de barde était tellement plus romantique et exaltante que la politique ! Mais tout avait changé lors de ses études au collège. Il s'était retrouvé confronté à la vie réelle, il avait été témoin des conditions de vie du peuple, parfois miséreuses. Certains n'avaient même pas de brioche et étaient obligés de manger du pain ! Quant au foie gras et aux macarons, ces pauvres gens n'en avaient même jamais entendu parler ! Il ne pouvait pas rester inactif devant cette réalité et laisser le peuple souffrir encore plus sous le joug de son frère.
Il n'avait emporté que le nécessaire à son départ du château, principalement des vêtements et de l'argent, et voyageait à bord d'un carrosse. Le soleil commençait à descendre sur l'horizon et il espérait atteindre une auberge avant la nuit.
Mais alors que la sortie de la forêt qu'il traversait était en vue, un homme à cheval sortit de derrière les arbres et se plaça au milieu du chemin, bloquant le passage du convoi.
Zin, surpris par cet arrêt inopiné et légèrement inquiet, sortit du carrosse pour voir ce qu'il se passait. Par précaution, il s'était saisi de son bâton.
"Qui êtes-vous ? Laissez-nous passer !" s'écria le valet à la tête du convoi à l'adresse du cavalier solitaire. Ce dernier ignora le valet, descendit de sa monture et marcha vers le convoi. Zin regrettait de ne pas avoir emmené une escorte de soldats, dans sa hâte de quitter le château.
"Ola, coquin, retournez d'où vous venez !" s'exclama une nouvelle fois le valet. "Ce convoi appartient au frère du Duc Kamijo, passez votre chemin et il ne vous sera fait aucun mal !"
Encore une fois, l'inconnu ignora l'avertissement et continua de s'approcher. Zin serrait son bâton, prêt à l'utiliser, mais était tout de même inquiet devant l'attitude audacieuse du personnage. Il ne pouvait pleinement le distinguer, la luminosité de la forêt étant déclinante, mais l'étranger était d'une grande stature et semblait être une force de la nature.
Pour ne rien arranger, une seconde personne apparut à ses côtés, sautant du haut d'un arbre et atterrissant sans bruit sur le sol pourtant couvert de brindilles et de feuilles mortes. Ce second inconnu - il était impossible de dire s'il s'agissait d'un homme ou d'une femme dans cette pénombre - était plus petit que le premier mais semblait tout aussi dangereux car agile et leste.
Les deux étranges personnages continuèrent d'avancer vers le carrosse. Finalement, ils furent assez proches pour que Zin puisse distinguer leurs visages. Ce qu'il vit fut loin de le rassurer.
"Général Masashi ! Maître-espion Yuki !" s'exclama Zin, reconnaissant les deux hommes. "C'est mon frère qui vous envoie pour me tuer, n'est-ce pas ? Sachez que je vendrais ma vie chèrement !"
Serrant les dents, il adopta une posture défensive. Déjà, des cristaux de glace se formaient dans l'air autour de son bâton.
Le général Masashi, le plus grand des deux hommes, était vêtu d'un long manteau de cuir noir équipé de sangles. Un foulard de soie blanche était noué autour de son cou, faisant office de jabot. Les traits de son visage étaient durs mais néanmoins élégants. Une épaisse mèche de cheveux noirs de jais recouvrait la partie gauche de son visage, dissimulant ainsi l'œil qu'il avait perdu à la guerre . Enfin, il portait au côté gauche le fourreau d'un long sabre. Vétéran de nombreuses batailles, il était également un des conseillers du Duc Kamijo, discret mais efficace.
Le maître-espion Yuki quant à lui portait un long manteau noir aux manches séparées, révélant ainsi ses épaules et une partie de ses biceps. Son manteau était ouvert en haut, formant un décolleté plongeant orné de froufrous. Ses cheveux châtains mi-longs étaient coiffés de manière faussement négligée. Enfin, il portait autour de son cou un superbe collier qui lui avait été offert, selon la rumeur, par le Duc lui-même . Bien qu'il ne possédait aucune arme apparente, Zin se doutait qu'un grand nombre de dagues et de couteaux de lancer étaient dissimulés dans le manteau du maître-espion.
Les deux hommes s'immobilisèrent à la remarque de Zin puis s'agenouillèrent devant lui, baissant la tête.
"Nous ne sommes pas ici pour vous tuer, monseigneur, mais pour vous apporter notre aide," répondit Masashi.
Zin haussa un sourcil, surpris, mais il conserva sa posture défensive et son bâton prêt à l'emploi. Peut-être était-ce une ruse de la part des serviteurs de son fourbe de frère.
"Qu'est-ce que vous racontez ? J'ai trahi Kamijo, pourquoi m'apporteriez-vous votre aide ?"
Masashi et Yuki se relevèrent, gardant les mains bien en évidence afin de prouver leur bonne foi.
"Monseigneur, je ne suis plus au service du Duc," reprit Masashi, l'air grave. "J'ai exprimé les mêmes réserves que vous quant à son attitude et il m'a congédié."
"Vraiment ? Cela ressemble effectivement à mon frère... Mais pourquoi vouloir vous mettre à mon service ? Pourquoi ne pas vous rendre chez Kisaki ? Je suis sûr qu'un général talentueux comme vous trouverait aisément sa place dans son armée."
Masashi et Yuki échangèrent un regard surpris, comme si cela était évident.
"Monseigneur, nous souhaitons nous mettre à votre service car vous êtes du côté du peuple," répondit le général. "N'est-ce pas pour cela que vous avez quitté le Duc ?"
Zin regarda Masashi puis Yuki d'un air suspicieux, mais ils semblaient honnêtes. Avec un soupir, il relâcha la pression autour de son bâton et se détendit.
"Oui, général, je souhaite défendre les intérêts du peuple," dit-il. "Comme vous pouvez le voir, je n'ai pas de soldats avec moi. Votre aide est donc la bienvenue."
Masashi esquissa un sourire et s'inclina.
"Merci, monseigneur. Je saurais me montrer digne de votre confiance."
Zin hocha la tête et se tourna vers Yuki d'un air interrogatif.
"Dois-je comprendre que vous avez aussi été congédié par mon frère, maître-espion ?" demanda-t-il.
"Non, monseigneur," répondit Yuki. "Je suis toujours au service du Duc. Mais comme Masashi, je partage vos idéaux. Je peux vous être utile en espionnant votre frère. Et s'il me demande de vous espionner, je pourrais falsifier les rapports."
"Je vois. Connaître les plans de mon frère serait un avantage non négligeable," dit Zin d'un air pensif. "Très bien, retournez au château et n'hésitez pas à me faire part de tout ce que vous jugerez utile. Je compte sur vous."
Yuki s'inclina, puis sauta dans un arbre et disparut de la vue du jeune noble.
Satisfait, Masashi s'apprêtait à retourner vers son cheval afin d'accompagner le convoi, mais Zin l'arrêta.
"Venez à l'intérieur avec moi, Masashi. Je pense que nous avons beaucoup à nous dire."
D'un signe de tête, Masashi accepta et les deux hommes montèrent dans le carrosse. Un valet s'occupa du cheval de Masashi et le convoi reprit sa route.
Alors que Zin s’installait confortablement sur la banquette du carrosse, Masashi s’assit dans une posture rigide. Il semblait mal à l'aise face au jeune noble. C'était un homme d'action, il préférait de loin la selle inconfortable de son cheval à la banquette moelleuse du carrosse. Zin ne manqua pas de remarquer son malaise et esquissa un sourire.
"Quand est-ce que mon frère vous a renvoyé, général ?" demanda-t-il. "Je n'étais pas au courant. Mais maintenant que vous le dites, je me souviens que vous n'étiez pas à la réunion de tout à l'heure."
"Cela ne fait que quelques jours, monseigneur. Je me suis installé dans une auberge non loin d'ici, me demandant ce que je devais faire maintenant que je suis sans emploi. Dès que Yuki m'a parlé de votre trahison, j'ai accouru."
"Il y a donc une auberge non loin ? Je suis ravi de l'entendre, j'espérais ne pas devoir passer la nuit dehors," sourit Zin. "Vous étiez conseiller auprès de Kamijo, et j'aurais besoin que vous me conseilliez également. Je souhaite aider le peuple, mais je ne sais pas comment. Je n'ai ni armée, ni sujets, ni terres. Je peux donner de l'argent mais mes réserves, bien que conséquentes, ne sont pas inépuisables. Cela ne les aidera pas bien longtemps face à la tyrannie de Kamijo."
"Hum... Je pense que la première chose à faire est de réunir une armée," répondit Masashi. "Je pourrais les entraîner, bien sûr. Vous devez être à la tête d'une force capable de rivaliser avec celle du Duc, et..."
Mais Masashi fut interrompu par un nouvel arrêt du convoi. Dehors, des cris de panique et de douleur retentissaient.
"Que se passe-t-il ?!" s'exclama Zin.
"Restez ici monseigneur, je vais voir."
Masashi descendit du carrosse et disparut du champ de vision de Zin. Ce dernier essaya de prêter l'oreille. En plus des cris, on pouvait entendre le son d'armes s'entrechoquant, d'objets se brisant, d'explosions, une véritable bataille semblait faire rage.
"Monseigneur !" dit soudainement Masashi en réapparaissant à la porte du carrosse, faisant sursauter Zin. "Il semble que des démons attaquent le village !"
"Des démons ? Mon dieu, il faut les arrêter !"
Saisissant son bâton de mage, il s'élança vers l'extérieur, mais Masashi le retint.
"C'est dangereux, monseigneur ! Restez ici, je vais m'en occuper."
Zin lui lança un regard noir. Il n'était plus un enfant, malgré son jeune âge, et ne pouvait pas rester sans rien faire alors que le village était à feu et à sang.
"Laissez-moi passer, général ! Ne me croyez-vous pas capable de me battre ?"
Disant cela, il laissa son bâton se charger d'énergie spirituelle, gelant l'air ambiant et faisant apparaitre du givre sur les fenêtres du carrosse. Masashi exhalait maintenant un petit nuage de vapeur en respirant. Zin en revanche était parfaitement à l'aise.
Malgré la démonstration des pouvoirs de Zin, Masashi hésitait. Son nouveau maître était jeune et ressemblait à une petite chose fragile. Il ne pouvait pas le laisser aller se faire tuer aussi bêtement. Mais ses lèvres commençaient à bleuir et ses doigts s'engourdissaient, preuve que les pouvoirs de Zin, dont il n'avait ici qu'un échantillon, n'étaient pas à prendre à la légère.
"Poussez-vous, général, c'est un ordre," continua froidement Zin.
Masashi hésita pendant une seconde de plus mais se poussa finalement, laissant Zin sortir du carrosse.
Le village était effectivement à feu et à sang. Toute une partie était détruite, en proie à de violents incendies. Depuis la route, Zin pouvait voir quelques braves villageois défendre leurs familles, armés de torches et de fourches. Quelques sergents d'armes leur prêtaient main forte, armés d'épées, de boucliers et de lances. Mais l'ennemi qu'ils affrontaient était bien trop puissant et terrifiant.
Des dizaines de démons assaillaient le village, tuant et détruisant tout sur leur passage. Les monstres possédaient de nombreuses apparences, prenant les formes et les couleurs les plus inattendues. Ils étaient munis de cornes, de tentacules, de crocs pointus. Certains avait une apparence humaine, d'autres bestiale, d'autres encore ne ressemblaient à rien de connu. Ils étaient armés de haches, de faux ou simplement de griffes acérées, tranchant et déchirant les chairs des pauvres villageois. D'autres encore usaient de pouvoirs magiques impies pour commettre leurs exactions et semer la terreur parmi les humains.
Zin resta pétrifié devant ce spectacle. La simple vue des démons suffisait à retourner l'estomac. Une goutte de sueur roula le long de sa tempe. Etait-il prêt à combattre ces choses ? S'il s'écoutait, il rentrerait immédiatement chez Kamijo et se cacherait sous son lit. Mais il ne pouvait fuir alors qu'il entendait les cris d'agonie des mourants et de désespoir des vivants.
Masashi remarqua ce moment de faiblesse et plaça doucement sa main sur l'épaule de Zin, un geste qui se voulait rassurant mais qui le fit tout de même sursauter.
"Vous pouvez encore faire demi-tour, monseigneur," dit-il. "Retournez au carrosse et laissez-moi me charger de ces démons."
Ces paroles eurent pour effet de sortir Zin de sa paralysie. Il détourna ses yeux des démons et secoua la tête pour se débarrasser des horribles visions qui envahissaient son esprit.
"Non !" répondit-il fermement. "Je dois protéger ces innocents. C'est pour cela que j'ai quitté le château."
Masashi soupira mais n'insista pas cette fois.
"Très bien... Mais j'ai plus d'expérience que vous sur un champ de bataille. Sauf votre respect, monseigneur, je dois vous demander de me suivre et d'obéir à mes ordres une fois sur le terrain. Il en va de votre... de notre survie."
"Je n'en demande pas moins, général. Mais dépêchons-nous d'y aller, des gens meurent pendant que nous parlons."
Masashi acquiesça d'un signe de tête. Il dit à Zin de monter à cheval et enfourcha son propre destrier. Puis les deux cavaliers se dirigèrent au galop vers le village, Masashi dégainant son sabre et Zin préparant son bâton.
Un sergent d'arme aidé de trois villageois défendait tant bien que mal une petite maison dans laquelle s'étaient réfugiés des femmes et des enfants, en bordure du village. Un groupe de démon leur faisait face, et ils étaient dépassés par la situation. Autour d'eux s'amoncelaient les corps des valeureux défenseurs tombés avant eux.
Bondissant par-dessus une barrière, Masashi et Zin fondirent sur les démons. Les sabots des chevaux eurent raison de deux d'entre eux, tandis que les autres se dispersaient. D'un mouvement ample, le général trancha la tête du démon le plus proche, puis en chargea un autre. Zin, brandissant son bâton, lança des sorts de glace de toute part. Des gerbes de glace jaillirent de l’arme magique et congelèrent sur place quelques démons. A eux deux, ils mirent ce petit groupe de démons en déroute. Mais la bataille était loin d'être gagnée.
"Merci, messires !" s'écria le soldat. "Sans vous ces gens auraient péri !"
"Quelle est la situation ?" s'enquit Masashi d'un ton grave.
"Gé... Gé... Général Masashi ?" s'exclama le soldat, reconnaissant le guerrier. "Les démons sont apparus au début de la journée, on ne sait d'où. Mais ils ne venaient pas de l'extérieur, ils sont apparus à l'intérieur même du village ! La bataille fait rage depuis ce matin mais ils sont de plus en plus nombreux ! Nous n'avons pas les moyens de résister, ils vont raser le village !"
"Pas temps que je vivrais !" déclara Zin, déterminé.
"Soldat, restez-ici et occupez-vous des blessés," dit Masashi au sergent d'arme. "Nous nous chargeons du reste."
"Soyez prudents messires !"
Zin et Masashi repartirent au galop vers l'intérieur du village, où la situation était beaucoup plus critique. Les bâtiments étaient en flamme, les gens mourraient de tous les côtés, hurlant, luttant vainement pour leur vie contre les démons assoiffés de sang.
Les deux cavaliers se frayèrent un chemin à coup de sabre et de sortilèges, tranchant et congelant de tous les côtés. Ils tuaient tous les démons sur leur passage, luttant férocement.
Alors qu’ils arrivaient à un carrefour que les défenseurs avaient tenté de fortifier, le cheval de Zin reçut une boule de feu en plein poitrail et tomba, succombant sur le coup. Zin fut désarçonné et chuta durement sur le sol rougi par le sang des villageois. Après quelques tonneaux, il s'arrêta sur le dos, le souffle coupé. Il n'avait rien de cassé mais la douleur était telle qu'il peinait à se relever.
Un démon s'approchait de lui, affichant un rictus cruel qui révélait ses affreux crocs disparates. Dans sa main, ou plutôt sa patte griffue, se formait une nouvelle boule de feu, destinée cette fois au jeune noble. Zin chercha vainement son bâton autour de lui, mais il en avait été séparé pendant la chute. Il tenta de se relever, mais le démon l'en empêcha en posant un pied sur sa poitrine. Le monstre éclata d'un rire guttural tandis que Zin suffoquait sous son poids.
Mais alors qu’il voyait sa dernière heure arriver, le cheval de Masashi bondit et frappa le démon de ses sabots. Alors que le démon tombait, poussant un grognement de rage et de douleur, Masashi sauta de la selle et lui planta son sabre dans le torse jusqu'à la garde. Le démon eut un dernier soubresaut puis s'écroula, mort.
"Monseigneur, vous n'avez rien ?!" s'écria Masashi, se ruant près de son maître. Derrière lui, quelques sergents d'arme adoptaient une formation défensive en criant "Protégez le général !"
Masashi tendit la main à Zin pour l'aider à se relever. Reprenant son souffle, il s'en saisit et se remit tant bien que mal sur ses pieds.
"N... Non, je n'ai rien, grâce à vous," bredouilla-t-il, encore sonné par la chute. "Vous m'avez sauvé, merci."
"La bataille est loin d'être finie, si vous êtes blessé vous feriez mieux de retourner en arrière."
"N... Non ! Je ne suis pas blessé ! Où est mon bâton ?"
D'un rapide coup d'œil autour de lui, il repéra son bâton qui se trouvait un peu plus loin, près du cadavre de son cheval. Par chance, il était intact. Malheureusement ce n'était pas le cas de ses vêtements. Son beau costume de mage tout blanc était souillé de terre et de sang... Il avait pensé qu'un costume blanc serait vachement classe, surtout pour un mage de glace, mais n'avait pas pensé que ce serait très salissant lors d'une vraie bataille...
A l'aide de son bâton, il fit apparaître une fine couche de glace à la surface de son beau costume, ce qui lui rendit son aspect éclatant, du moins en apparence. Il ne pouvait pas se permettre de combattre avec des vêtements sales ! Une fois la bataille finie, les valets auraient beaucoup de travail pour nettoyer tout cela. Il en profita également pour se recoiffer rapidement.
"Bien, continuons !" déclara-t-il, une fois son apparence à nouveau impeccable.
L'un des sergents d'armes vint leur dire que les démons arrivaient par vagues depuis le quartier de l'ancien temple, en un flot qui semblait inépuisable. Un vieillard, réfugié du quartier du temple, apporta plus de précision à ce récit. Selon lui, une étrange malédiction était à l'œuvre à l'intérieur du temple, et c'était ce qui invoquait les démons. Il tremblait comme une feuille morte en disant cela, prononçant avec difficulté les mots "malédiction" et "démons".
"Il faut se rendre dans ce temple immédiatement !" décida Zin. "Si la magie démoniaque vient de là, je dois pouvoir la dissiper."
"Mais c'est à l'autre bout de la ville, messire !" répliqua le sergent d'arme. "Les démons sont partout !"
"Qu'importe ! A cheval, je galoperai jusque-là bas sans m'arrêter. J'y serai rapidement."
"Dois-je vous rappeler que votre cheval est mort, monseigneur ?" dit Masashi.
"Je le sais bien ! Vous n'avez qu'à me prêter le vôtre, Masashi. Puisque nous n'avons qu'un seul cheval, j'irai seul."
"C'est hors de question !" s'écria le général. "C'est trop dangereux, je ne peux pas vous laisser faire ça !"
"Il faut pourtant bien que j'y aille !" rétorqua Zin sur le même ton. "Si c'est une malédiction, seul un mage peut la dissiper, et je n'en vois pas d'autre ici. Je suis le seul à pouvoir le faire !"
Masashi allait rétorquer que Zin avait promis de lui obéir une fois sur le champ de bataille, mais il se retint. Cette dispute était stérile. S'il était vrai que seul Zin pouvait sauver ce village, il fallait à tout prix qu'il atteigne le temple.
"Puisque c'est comme ça," dit-il finalement, d'un ton plus calme, "je vous accompagne. Vous monterez avec moi sur mon cheval."
Zin allait répliquer, mais Masashi mit fin à la conversation en allant chercher son cheval. Il l'enfourcha puis revint vers le jeune homme.
"Montez," dit-il d'une voix autoritaire, tendant la main à Zin.
"Vous... Vous n'êtes pas sérieux, général ?" demanda le jeune homme, rougissant légèrement.
"On ne peut plus sérieux. Vous ne pouvez pas y aller seul et nous n'avons qu'un seul cheval. Je dois d'ailleurs vous rappeler que vous aviez promis de m'obéir. Maintenant, sauf votre respect, dépêchez-vous monseigneur, nous perdons du temps."
Zin hésita mais le général avait raison. Avec son aide, il se hissa sur le destrier, se plaçant devant Masashi. La selle n'était pas faite pour deux personnes et la position n'était pas très confortable, mais Zin pensa que ce n'était tout de même pas désagréable d'être aussi proche de Masashi. Il pouvait sentir la chaleur du corps du général dans son dos, et ses bras musclés passés autour de son corps afin de saisir les rênes étaient comme une étreinte. Cela lui rappelait l'époque où, étant barde, il se retrouvait parfois à cheval avec quelques seigneurs qui espéraient le courtiser. Il n'était d'ailleurs pas insensible au charme froid de Masashi et... Ce n'était pas le moment de penser à ça ! Il avait un village à sauver !
Masashi lança le cheval au galop et ils filèrent à travers les rues, sautant parfois par-dessus des murets ou à travers des murs de flamme et fonçant sur des groupes de démons pour les forcer à se disperser. Zin restait silencieux et se concentrait. Il allait sans doute devoir délivrer une grande quantité de magie pour briser la malédiction, et il devait donc rassembler ses forces.
L'ancien temple était situé au cœur d'un quartier marchand, mais tout était dévasté. Hormis le temple lui-même, il n'y avait plus aucun bâtiment intact et tout était en proie aux flammes. Des bandes de démons allaient çà et là, beaucoup plus nombreuses que dans le reste du village. C'était donc vraiment l'épicentre de l'invasion.
Le temple était un édifice en pierre datant d'avant la fondation de Xanadu. Il y en avait de nombreux autres à travers tout le royaume et hors des frontières, mais les dieux qui figuraient sur les statues et les bas-reliefs de ces temples n'étaient plus adorés par personne depuis longtemps.
Alors qu'ils approchaient, Zin pouvait sentir le flux de magie démoniaque s'échapper du temple. Les volutes malsaines d'énergie spirituelle lui retournaient les entrailles. Il avait mal au cœur et se sentait défaillir. L'âme humaine n'était pas faite pour supporter une magie aussi ignoble.
Même Masashi, qui n'avait pas une once de pouvoir magique, pouvait ressentir qu'une magie néfaste était à l'œuvre. Il se sentait oppressé, respirant avec difficulté. Mais ce n'était rien comparé à Zin, qui ressentait l'effet des effluves de magie noire de plein fouet. Il se pâmait, son corps devenu amorphe menaçant de tomber du cheval.
"Ressaisissez-vous, monseigneur ! Nous y sommes presque !" s'écria Masashi, retenant Zin pour l'empêcher de chuter.
La porte du temple était fermée, mais Masashi ne ralentit pas. Le cheval arriva à pleine vitesse sur la porte et bondit, la défonçant de ses sabots. La violence du choc eut pour effet de tirer Zin de sa torpeur, alors que le cheval atterrissait en glissant sur les pierres du temple, menaçant de faire tomber ses deux cavaliers.
Alors que la bataille faisait rage dehors, un silence de mort régnait à l'intérieur de l'ancien édifice religieux. L'air était pestilentiel et les relents de magie noire étaient plus étouffants que jamais. Mais Zin ne pouvait plus se laisser aller à la faiblesse, il devait dissiper la malédiction au plus vite !
Masashi aida Zin à descendre du destrier puis alla monter la garde à la porte pendant que le jeune mage cherchait l'origine de la malédiction.
S’aidant de son bâton pour marcher, il se concentra afin de localiser la source de l'infâme malédiction. Les relents de magie démoniaque semblaient venir de l'autel, au fond du temple. Il s'y dirigea, respirant avec difficulté à travers l'air vicié.
Tout autour de l'autel était tracé un grand cercle orné d'étranges motifs et d'inscriptions que Zin ne voulait même pas essayer de déchiffrer. Il semblait avoir été tracé avec du sang, ce qui ne le rassura pas du tout. Au centre du cercle, sur l'autel, trônait une plume de paon. C'était de cette simple plume que s'échappait la magie maléfique, permettant l'invocation de démons au cœur même du village.
"Bon, je pense pouvoir briser cette malédiction !" annonça Zin, se retournant vers Masashi.
"Faites vite ! Certains démons ont vu que nous étions entré dans le temple et ils viennent par ici !"
"Je vais faire au plus vite, mais vous devez essayer de gagner du temps ! Ce n'est pas si facile que ça de dissiper une malédiction, surtout que cette magie noire m'affaiblit..."
Pour toute réponse, Masashi dégaina son sabre et se prépara à défendre la porte, au péril de sa vie. Zin se mit également au travail, cherchant une faille à travers les reflux d'énergie de la plume avec son bâton. Il commença à tracer un nouveau cercle, autour du premier, en marmonnant des formules magiques.
Les démons arrivaient à la porte, hurlant et grognant de leurs voix désincarnées, brandissant leurs armes et leurs tentacules, et se jetèrent sur Masashi. Le général se battait férocement, maniant son sabre d'une main experte. D'un coup, il trancha l'appendice affûté d'un des monstres. D'un autre coup, il para la hache d'un démon à l'aspect porcin et en profita pour contre-attaquer, lui assénant un coup d'estoc qui le fit s'écrouler. Ne perdant pas une seconde, il dégagea sa lame de la carcasse fumante du démon d'un coup de pied et trancha la gorge d'un nouvel ennemi.
Les démons se battaient cependant avec une égale ferveur et les coups pleuvaient sur le valeureux général. Alors qu'il tuait un adversaire d'un coup d'estoc bien placé, il sentit des griffes aiguisées lacérer son bras gauche, lui arrachant un cri de douleur. Il se vengea immédiatement en tranchant la patte griffue qui l'avait attaqué, mais il ne put échapper à d'autres coups et d'autres blessures durant le combat.
Zin avait presque fini son rituel, mais l'enchantement qui touchait la plume était puissant. Il avait besoin de toute la force de son esprit pour contrer les effets de la malédiction. Ses forces s’amenuisaient, mais il devait continuer à réciter les formules !
Dans un ultime effort, il libéra toute l’intensité de ses pouvoirs et parvint enfin à sceller l’énergie de la plume. Les reflux de magie noire qui l’oppressaient disparurent soudainement et il tomba à genoux, à bout de souffle.
Au même moment, dehors, les démons cessèrent de se battre et hurlèrent de douleur tandis qu’une force surnaturelle les consumait de l’intérieur. Profitant de cette occasion, les défenseurs contre-attaquèrent avec une vigueur renouvelée, prenant enfin le dessus.
A la porte de l’ancien temple, Masashi élimina ses derniers adversaires et put enfin souffler. Maintenant que l’effervescence de la bataille était finie, ses blessures le faisaient souffrir. En particulier celle à son bras gauche. Il rengaina son sabre après en avoir essuyé rapidement la lame puis, d’une main tremblante, il examina sa blessure. Ce n’était pas joli, mais l’entaille n’était pas si profonde que cela. Il soupira. Il avait une fois de plus gagné une nouvelle cicatrice. Au cours de ses années de service, il en avait déjà eu plus que son lot.
"Vous avez réussi, monseigneur !" s’exclama-t-il, se retournant vers l’intérieur du temple. "Monseigneur ?"
Zin ne répondit pas. Il était toujours à genoux devant l’autel, s’appuyant sur son bâton. Masashi accourut vers lui.
"Monseigneur ! Zin !" s’écria-t-il. "Vous êtes blessé ?"
Le jeune mage leva les yeux vers le général, mais il avait du mal à focaliser son regard. La voix de Masashi lui semblait venir de très loin.
"N… Non, je n’ai rien," répondit-il d’une voix faible, la bouche pâteuse. "J’ai juste dépensé une… une grande partie de ma magie… Mais… Vous… vous saignez… ?"
"Ce n’est rien, la blessure est superficielle."
"Tant mieux… tant mieux…" murmura Zin. Ses paupières se fermaient contre son gré et ses dernières forces l’abandonnaient. Il se sentit basculer, et sombra dans l’obscurité.
Fiches de personnages :
Nom : Zin Classe : Mage de glace Fonction : Combattre les démons et servir les intérêts du peuple Personnalité : Narcissique, autoritaire, généreux, engagé Il aime : Les macarons au foie gras, les vêtements, chanter Il n’aime pas : Qu’on le sous-estime, les démons, la magie noire, qu’on maltraite le peuple Stratégie d’attaque : Lancer des sorts de glace avec son bâton Type d’armure : Un costume de mage d’un blanc éclatant et brodé d’or, mais très salissant
Nom : Masashi Classe : Guerrier Fonction : Ex-général de Kamijo, général de Zin Personnalité : Strict, gentil, dévoué Il aime : Son chat, la hiérarchie Il n’aime pas : L’opulence, les démons Stratégie d’attaque : Charger l’adversaire à cheval et trancher des têtes avec son sabre Type d’armure : Des plaques d’armure à l’intérieur de son manteau permettent de le renforcer, alliant ainsi la protection et l’élégance nécessaire à un général
Nom : Yuki Classe : Espion Fonction : Maître-espion de Kamijo, taupe pour le compte de Zin Personnalité : / Il aime : / Il n’aime pas : / Stratégie d’attaque : / Type d’armure : Des vêtements adaptés au milieu noble dans lequel il doit généralement espionner
Voila ! ^^. N'hésitez pas à me signaler si vous trouvez des fautes d'orthographe. D'ailleurs, s'il y a des choses que vous ne comprenez pas, n'hésitez pas à me demander ^^. Par exemple, j'ai mis des références à des trucs qui concernent les groupes, je ne sais pas si tout le monde les remarquera. Par exemple, dans ma fic, quand Hizaki dit que Zin a la plus belle voix de Xanadu, c'est parce que Hizaki a réellement dit que Zin a la plus belle voix du Japon. Ou encore, l'école de magie d'Arcadia, c'est parce que Arcadia est une chanson de Jupiter. |
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Sexe : Messages : 507 Date d'inscription : 30/06/2015
| | | Va vite falloir que tu me passe le chapitre suivant :) Honnêtement t'as toujours eu du talent pour l'écriture alors continue comme ça |
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Sexe : Messages : 107 Date d'inscription : 18/07/2015 Localisation : Quelque part entre ici et là.
| | | Ouiii je l'ai lue o/ J'ai enfin trouver un peut de temps pour le premier chapitres. Daa, j'adora l'histoire o/ Et ta façon d'écrire aussi 8D Je vais citer les moment que j'ai bien aimer : - Meill a écrit:
- Il s'était retrouvé confronté à la vie réelle, il avait été témoin des conditions de vie du peuple, parfois miséreuses. Certains n'avaient même pas de brioche et étaient obligés de manger du pain ! Quant au foie gras et aux macarons, ces pauvres gens n'en avaient même jamais entendu parler !
Oui, il va se battre pour que les gens et l'honneur de manger de la vrai nourriture o/ Qu'il est gentil :D - Meill a écrit:
- Malheureusement ce n'était pas le cas de ses vêtements. Son beau costume de mage tout blanc était souillé de terre et de sang... Il avait pensé qu'un costume blanc serait vachement classe, surtout pour un mage de glace, mais n'avait pas pensé que ce serait très salissant lors d'une vraie bataille...
La dure réalité des vêtement blancs - Meill a écrit:
- Il ne pouvait pas se permettre de combattre avec des vêtements sales ! Une fois la bataille finie, les valets auraient beaucoup de travail pour nettoyer tout cela. Il en profita également pour se recoiffer rapidement.
La classe avant tout - Meill a écrit:
- Il aime : Les macarons au foie gras, les vêtements, chanter
J'en veux aussi ! Bref, faut que tu poste la suite ! Te met un +1 pour se premier chapitre Parce que j'ai bien aimer é-é |
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Sexe : Messages : 1735 Date d'inscription : 20/04/2014 Localisation : Là ... ou pas .__.
| | | Merci à tous les deux, ça me fait plaisir ^^. Je poste donc la suite, trois chapitres d'un coup car ils sont assez courts ^^ : - chapitre 2:
Le soleil était déjà haut quand Zin se réveilla. Il se trouvait dans un lit beaucoup moins moelleux et confortable que ce dont il avait l’habitude. Le matelas trop dur lui faisait mal au dos et les draps étaient râpeux. Encore une chance qu’il n’y avait pas de punaise ! Il se redressa en grimaçant. "Enfin réveillé, monseigneur ?" Zin se tourna vers l’origine de la voix. Masashi était assis sur une simple chaise de bois dans un coin de la pièce. Sur ses genoux se trouvait un chat obèse pour qui le général avait la plus tendre affection. Zin l’avait déjà vu traîner dans les couloirs du château de Kamijo, se nourrissant plus volontiers de restes des repas luxueux des hôtes du château que de souris et de rats. "Où… Où sommes-nous ?" demanda Zin. "Et qu’est-ce que c’est que ce lit ? J’ai l’impression d’avoir dormi sur une planche de bois…" "Vous m’en voyez désolé, monseigneur," répondit le général. "Nous sommes à l’auberge où j’ai élu domicile ces derniers jours, dans une petite ville non loin du village qui a été attaqué. Vous avez réussi à briser la malédiction mais vous vous êtes évanoui juste après, je vous ai donc transporté ici." "Evidemment que j’ai réussi !" répliqua le jeune homme, fier de lui. "Mais je ne pensais pas que cela me pomperait autant d’énergie spirituelle… La conjuration n’est pas ma spécialité... Combien de temps ai-je dormi ?" "Toute la nuit et toute la matinée. Il est presque midi. Mais vous pouvez dormir plus longtemps, vous avez besoin de reprendre des forces." "Ce ne sera pas nécessaire, je suis en pleine forme maintenant !" répondit Zin. Il s’apprêta à se lever mais se rendit compte avec embarras qu’il portait pour tout vêtement une de ses chemises de nuit. L’habit, fait de satin et orné de dentelles et de froufrous, était très léger. "C’est… C’est vous qui m’avez déshabillé ?" demanda-t-il en rougissant. Masashi parut offensé. "Je ne me serais jamais permis, monseigneur !" se défendit-il. "Après vous avoir porté jusqu’ici, j’ai laissé les valets s’occuper de vous !" "Ah bon, d’accord…" soupira Zin, soulagé. Il était tout de même un peu gêné que Masashi ait dû le porter, surtout que son bras gauche était blessé. "Comment va votre bras ?" ajouta-t-il d’un ton inquiet. "Ça ira. On m’a mis un bandage." "Venez me montrer cela, je connais quelques sorts de soin basiques," dit-il, se redressant dans le lit. "Ne vous inquiétez pas, monseigneur, ce n’est rien. Concentrez-vous plutôt sur votre propre récupération." Zin soupira. Il avait dormi presque quinze heures s’il en croyait les dires du général, c’était largement suffisant pour regagner ses forces. Masashi avait l’air de croire qu’il était faible et fragile, peut-être parce qu’il était noble ou peut-être à cause de son apparence androgyne, mais ce n’était pas le cas. Il avait beau ne pas être très fort physiquement – un jour il avait même perdu au bras de fer contre Teru, qui n’était pourtant pas un modèle de virilité – il n’en était pas moins un puissant mage. "Ne soyez pas ridicule et venez là," insista-t-il. "Ce n’est pas un simple sort de soin mineur qui va épuiser ma magie…" Voyant qu’il n’avait pas le choix, Masashi acquiesça. Il déposa son chat grassouillet par terre et se leva. Pendant que l’animal s’en allait en faisant crisser le parquet sous son poids, le général ôta son long manteau de cuir puis sa chemise. Zin se sentit rougir légèrement, n’ayant pas pensé que Masashi serait obligé de se déshabiller pour lui montrer sa blessure. Le général était fort bien bâti et Zin détourna les yeux, ne voulant pas avoir l’air de trop apprécier ce qu’il voyait. Masashi amena sa chaise près du lit du jeune mage et s’installa. Un bandage recouvrait son bras depuis l’épaule jusqu’au milieu du biceps. Il était déjà rougi par le sang, ce qui ne rassura pas Zin. D’une main hésitante, il détacha le bandage. La plaie était béante, saignant encore abondamment. Ce n’était pas beau à voir. Esquissant une grimace de dégoût, Zin se dit que Masashi devait souffrir le martyre. Fort heureusement la plaie n’était pas infectée. "Oulah… Ce n’est pas très joli… Pourquoi n’a-t-on pas suturé la plaie ?" "Ce n’était pas prioritaire, monseigneur," expliqua le général. "Après vous avoir emmené ici, je suis retourné au village. Il restait beaucoup à faire : tuer les derniers démons, éteindre les incendies, superviser le rapatriement des réfugiés… En fait je ne suis rentré que quelques heures avant votre réveil, mais j’ai exigé que l’on s’occupe de vous et des autres blessés en priorité alors on m’a juste mis un bandage." "Je vois… C’était stupide…" répondit Zin, fronçant les sourcils. "Ça aurait pu s’infecter. Heureusement que je suis là…" "Oui, monseigneur…" "Par contre, je ne suis pas un mage blanc," reprit-il. En effet, malgré son costume d’un blanc étincelant, Zin n’avait rien à voir avec ces mages qui ne pratiquaient que la magie blanche et qui recevait un enseignement complet sur la biologie et l’anatomie humaine. "Je ne connais que des sorts de soin mineurs. Je peux soigner une plaie comme celle-ci, mais vous aurez tout de même une cicatrice et vous devrez faire attention de ne pas rouvrir la plaie pendant les jours qui viennent." "Ce ne sera pas ma première cicatrice," répondit Masashi en haussant les épaules. En effet, Zin pouvait voir qu’il arborait un certain nombre de cicatrices sur le torse et les bras. Après tout, le général était un vétéran d’innombrables batailles. Il avait sans doute d’autres cicatrices partout sur le corps, mais le mage ne pouvait pas les voir. Zin se concentra et récita une formule. Aussitôt, la paume de sa main se mit à briller et il l’appliqua avec délicatesse sur la blessure, qui se referma lentement. Le général eut un soupir de soulagement alors que la douleur disparaissait, tant elle était vive. Cela surprit Zin, car Masashi était d’ordinaire impassible, mais il trouva cela touchant et eut un sourire en coin. Soudainement, il prit conscience de la proximité à laquelle se trouvait le général, à moitié dévêtu, alors que lui-même ne portait qu’une légère chemise de nuit. Quand le sort fut fini, il oublia d’enlever ses mains du bras de Masashi tant il en était troublé. "C’est fini ?" demanda Masashi après un court moment de silence, alors que la lumière sous la main de Zin s’éteignait. "Ah… Oui, c’est… c’est bon," répondit le jeune mage, retirant précipitamment ses mains du bras musclé du général, non sans regret. A la place de la blessure, il y avait désormais une fine cicatrice. "Voilà, vous êtes guéri." "Merci, monseigneur," dit Masashi de sa voix grave, esquissant un léger sourire. "De… De rien." Zin eut un pincement au cœur. Il toussota pour reprendre ses esprits. "En revanche, je ne connais pas de sort pour effacer la fatigue. Vu que vous avez beaucoup travaillé cette nuit, vous devriez vous reposer un peu." "Plus tard. J’ai encore du travail." Sur ces mots, il se leva et se rhabilla. "Je vais prévenir les valets que vous êtes réveillé, vous n’aurez qu’à me rejoindre en bas une fois que vous serez prêt." Le jeune noble acquiesça et Masashi quitta la pièce, après s’être incliné respectueusement. Dès qu’il fut parti, Zin poussa un profond soupir. Qu’est-ce qui lui avait pris ? Pourquoi avait-il réagi comme une fillette ? Ce n’était pourtant pas la première fois qu’il voyait un homme torse nu, il avait même déjà vu et fait bien plus, alors pourquoi était-il si troublé ? Il se leva et s’approcha d’un petit meuble de toilette rustique, de l’autre côté de la chambre, dans l’idée de se débarbouiller. Il aurait bien eu besoin d’un bon bain chaud, mais dans cette auberge miteuse c’était sans doute impossible… Contemplant son reflet dans le vieux miroir piqueté qui trônait au-dessus du meuble, il réalisa avec horreur qu’il n’était pas maquillé. Les valets avaient dû le démaquiller la veille, après l’avoir changé alors qu’il était inconscient ! Cela signifiait que le général l’avait vu sans maquillage ! Normalement il n’aurait pas dû en être si embarrassé, mais savoir que Masashi l’avait vu au naturel l’angoissait. Comme si le fait d’être en chemise de nuit ne suffisait pas ! En plus il n’était pas du tout coiffé ! Il ne pourrait sans doute plus jamais paraître devant le général sans mourir de honte… Un valet interrompit sa réflexion en entrant dans la chambre, portant un plateau chargé d’un petit déjeuner beaucoup trop frugal à son goût. Il n’y avait pas de brioche, de gâteau ou de viennoiseries, juste du pain bis, du beurre fermier et du chocolat chaud dans un bol en terre cuite. Décidemment, il ne recommanderait cette auberge à aucun de ses amis… Un peu plus tard, Zin descendit au rez de chaussé de l’auberge. Son costume de mage avait été lavé mais n’était pas encore sec. Il avait alors opté pour belle chemise blanche à froufrous et un long manteau noir fabriqué dans les plus riches étoffes, dont les manches pagodes se terminaient par des froufrous, ainsi que de magnifiques gants en dentelle noire (1). Il s’était également remaquillé et coiffé. Il se sentait beaucoup mieux comme cela et avait regagné sa confiance en lui. Masashi était dans le hall d’entrée, examinant un rapport qu’un soldat lui montrait. Quand il le vit arriver, le jeune soldat parut paniqué et donna un coup de coude à Masashi. "C… C’est lui ?" demanda-t-il, dévisageant Zin. Le général confirma d’un signe de tête, et le soldat parut encore plus fébrile. Zin l’interrogea du regard et lui adressa un sourire aimable, mais le jeune soldat rougit, fit tomber les dossiers qu’il transportait, les ramassa d’une main tremblante et s’enfuit de l’auberge sans même saluer son supérieur. "Ah, vous voilà, monseigneur," dit Masashi, comme si de rien n’était. "Que se passe-t-il ?" demanda Zin, perplexe. Lorsqu’il était barde, il y avait parfois des jeunes filles écervelées de nobles familles qui venaient le voir chanter et qui avait ce genre de réaction, mais il ne s’attendait certainement pas à cela de la part d’un soldat, et encore moins d’un campagnard… "On vient de m’apporter un rapport sur la bataille d’hier," répondit-il, brandissant le document. "Les morts sont moins nombreux que le laissaient penser les premières estimations. Grâce à notre intervention le pire a été évité. Les survivants ont trouvé refuge dans cette ville le temps que le village soit reconstruit. Il semble que les villageois parlent également de détruire l’ancien temple." "Je vois… Il y a tout de même eu beaucoup de morts, c’est regrettable... Mais les soldats n’étaient pas assez nombreux pour organiser une résistance efficace. Si seulement Kamijo prêtait un peu plus attention à la sécurité de son peuple…" soupira le jeune mage. "Il sait pourtant parfaitement que c’est à lui d’assurer la sécurité sur ses terres ! L’armée de Kisaki ne s’occupe que de la défense extérieure…" "En effet," confirma le général. "Je n’ai eu de cesse de le lui rappeler jusqu’à ce qu’il décide de se passer de mes services…" "Vraiment il me désole…" se lamenta-t-il. "Quant à détruire le temple, c’est inutile. C’est la plume qui permettait l’invocation des démons, le temple n’avait rien à voir là-dedans. Enfin, je crois…" ajouta-t-il, incertain. Après qu’il se soit évanoui, Masashi avait récupéré la plume et l’avait confié à un valet, qui l’avait donné à Zin après son réveil. Il la gardait pour des analyses complémentaires, mais il était quasiment sûr que la magie démoniaque qui l’habitait n’avait aucun rapport avec le temple. "Les gens ont peur, monseigneur. Détruire le temple sera plutôt un moyen de se rassurer que de s’assurer que les démons ne reviendront pas." "Hum… C’est vrai. Sans compter que cela leur fera plus de matériaux pour reconstruire le village. Mais c’est tout de même dommage de détruire un de ces vestiges du passé, on en sait encore peu sur ces temples." "Chaque bataille nécessite des sacrifices," répondit Masashi avec sagesse. "Sans doute…" soupira Zin. Masashi avait volontairement évité le sujet, mais Zin n’avait pas oublié l’événement qui venait de se produire. Faisant la moue d’un air triste, il questionna le général. "Mais dites-moi, pourquoi ce jeune soldat s’est-il enfui en me voyant ? J’ai une tête à faire peur aujourd’hui, c’est cela ? Vous pouvez me le dire si c’est le cas, général…" "P… Pas du tout, monseigneur ! Vous êtes aussi… hum… éclatant que d’habitude," répliqua Masashi, détournant les yeux. Zin fronça les sourcils, dubitatif. Il ne savait pas s’il s’agissait d’un compliment ou d’un reproche… "Je pense qu’il était juste intimidé," reprit le général. "Intimidé ? Pourquoi ?" Masashi sembla embarrassé et hésita pendant un moment. "Nous devrions sortir, monseigneur. Allons voir comment vont les réfugiés," éluda-t-il finalement, ce que Zin trouva suspect. Il accepta cependant, se demandant à quoi tout cela rimait. Ils se dirigèrent vers la sortie de l’auberge et Masashi ouvrit la porte. A peine l’avait-il ouverte que des cris retentirent dehors, faisant sursauter Zin. Était-ce encore une bataille ? Non, il réalisa qu’il s’agissait de cris de joie ! "Que… Que se passe-t-il ?" "Je crois que les villageois souhaitent vous remercier, monseigneur," répondit Masashi. Il s’inclina et laissa le passage libre pour son maître. "V… Vraiment ?" s’exclama Zin, surpris. "Dommage que je n’ai pas mon costume de mage alors…" Prenant une grande respiration, il sortit de l’auberge. De chaque côté de lui, les villageois criait de joie. Ils formaient un chemin qui se dirigeait vers la place principale de la petite ville. Zin s’y engouffra, sous les acclamations du peuple. "L… Le héros ! C’est le héros !" "Merci ! Vous nous avez sauvés !" criaient-ils. Adultes et enfants l’acclamaient et l’applaudissaient. D’abord déstabilisé, Zin trouva rapidement cela agréable. Après tout, ce n’était pas si différent de certains de ses récitals, quand il était barde. Se prenant au jeu, il salua la foule et serra quelques mains tendues. Derrière, Masashi le suivait avec un léger sourire. Il ne prenait toutefois pas part à l’allégresse générale et avançait d’une démarche stricte, la main gauche posée sur le manche de son sabre. Quand Zin arriva sur la place, les acclamations s’interrompirent. Le maire du village s’avança vers lui et lui serra la main. "Messire, au nom de tous les villageois, je tenais à vous remercier !" s’exclama-t-il, au bord des larmes. "Sans vous nous serions tous morts, tué par ces abominations ! Grâce à vous, nous pourrons reconstruire le village et enterrer nos morts avec les égards qu’ils méritent. Je ne sais comment vous remercier !" "Vous n’avez pas à me remercier, monsieur, je suis heureux d’avoir pu être utile. La malédiction qui touchait le village était très puissante, et j’espère désormais que vous pourrez vous en remettre. Soignez vos blessés, prenez soins des orphelins et reconstruisez le village. Je vous garantis que les démons ne reviendront pas !" s’exclama-t-il. Cette annonce fut saluée par des acclamations encore plus fortes que les précédentes. Zin eut un sourire satisfait. "Par vos actes vous nous avez prouvé la noblesse de votre esprit," reprit le maire. "Nous serions grandement honorés si vous consentiez à nous révéler votre nom, noble mage !" "Je suis Zin, le frère cadet de Kamijo," déclara-t-il, prenant une pose théâtrale. Les acclamations s’interrompirent subitement et furent remplacés par des murmures, alors que les villageois s’interrogeaient. "Ka… Kamijo ?" "Le Duc Kamijo ?" "Mais… n’est-ce pas lui qui est responsable pour nos morts ? Il ne nous a pas confié assez de soldats !" "C’est vrai, en plus il nous exploite !" "La peste soit du Duc !" Zin parvenait à entendre certains échanges, et sentait qu’un sentiment d’incompréhension et de colère commençait à s’élever de la foule. Le maire semblait hésiter également, ne sachant trop que faire. "S… S’il vous plait, calmez-vous…" disait-il vainement, tentant d’apaiser les villageois. Masashi et d’autres sergents d’armes s’étaient rapprochés afin d’assurer la sécurité de Zin, sans toutefois dégainer leurs armes pour le moment. Alors qu’il avait le plein soutien de ses vassaux liges et du roi lui-même, la popularité de Kamijo parmi le menu peuple était vraiment au plus bas… Zin soupira. Il était meilleur chanteur qu’orateur, mais s’il ne faisait rien la situation risquait de s’envenimer. Déjà, Masashi se plaçait devant lui et lui faisait signe de reculer. "Je comprends votre colère !" s’exclama Zin, contournant Masashi afin de s’adresser au peuple. "Mon frère vous exploite et vous maltraite ! Sa quête de pouvoir lui a fait perdre l’esprit, et c’est vous qui en subissez les conséquences ! Mais je suis ici pour vous aider ! J’ai trahi Kamijo !" La foule continuait de s’agiter, mais cette fois en proie au doute. Kamijo était la source de tous leurs maux ! Son frère ne pouvait être qu’un scélérat de la même espèce ! Pourtant, Zin les avait tous sauvé d’une mort certaine ! Et il disait avoir trahi le Duc ? Les villageois ne savaient plus quoi penser. "J’ai trahi Kamijo !" répéta le jeune noble, appuyant son propos de gestes théâtraux. "Il s’est rendu coupable de graves offenses envers son peuple et son souverain, il ne mérite pas d’être votre seigneur ! J’ai quitté le château hier, dans l’espoir de porter assistance aux nécessiteux que je croiserai, souhaitant me rendre partout où une aide était requise. Votre village est le premier que j’ai croisé, et j’ai risqué ma vie pour vous sauver ! Le général Masashi, ici présent, a également trahi Kamijo. Ensemble, nous souhaitons nous mettre au service du peuple !" Certains villageois étaient encore en colère, tant ils étaient remontés contre le Duc, mais la plupart était juste dubitatifs, se rendant bien compte que Zin n’était pas comme son frère. Le jeune mage les avait sauvés au péril de sa propre vie. Il semblait vraiment être l’allié du peuple. Une grande majorité de la foule commençait à en être convaincue. "En quittant le château de mon frère hier, je ne savais pas quelle direction prendre," continua-t-il. "Je ne savais pas comment venir en aide au peuple, alors que je n’ai ni terres, ni armée. Mais j’ai enfin trouvé ma voie : je vais chasser les démons qui apparaissent à travers tout le royaume, et sauver Xanadu de ce terrible fléau !" Cette déclaration fut saluée par une nouvelle salve d’applaudissement et d’acclamation. Les villageois s’exclamaient ‘Vive le héros ! Vive le seigneur Zin !’ et poussaient à nouveau des cris de joie. Le maire du village s’inclina devant lui. "Seigneur Zin, votre aide est un grand honneur pour les humbles villageois que nous sommes ! Nous ne possédons pas grand-chose, surtout après la destruction du village, mais si nous pouvons vous aider de quelque manière que ce soit dans votre noble quête, nous sommes à votre disposition." "C’est généreux de votre part, mais je ne peux rien exiger de vous. Votre priorité est de reconstruire le village. Je dois maintenant me remettre en route, le royaume de Xanadu est vaste !" "Merci, seigneur Zin !" répondit le maire, lui serrant à nouveau la main. "Nous sommes à jamais vos obligés ! Puisse votre quête être couronnée de succès !" Un soldat, qui semblait être le chef des quelques sergents d’armes qui avaient survécu à la bataille, s’avança vers Zin et posa un genou à terre. "Messire, permettez-nous, mes compagnons et moi, de vous accompagner !" implora-t-il. "Vous avez dit ne pas avoir d’armée, et vous aurez besoin de bras vaillants pour votre aider dans votre quête. Laissez-nous vous remercier en mettant nos épées à votre service, je vous en prie !" "Soldats, la vaillance dont vous avez fait preuve face aux démons me permet d’accepter votre aide en toute confiance," dit Zin, faisant signe au sergent de se relever. "Si vous souhaitez m’accompagner, vous êtes les bienvenus. Le général Masashi sera votre supérieur." "Merci, monseigneur ! Ce sera un honneur de servir sous les ordres du légendaire général Masashi !" Quelques heures plus tard, après s’être assuré que les réfugiés étaient bien traités, Zin, Masashi et les soldats qui avaient choisi de les accompagner s’éloignèrent du village. Zin aurait apprécié la compagnie du général dans le carrosse, mais ce dernier devait désormais faire des quelques sergents d’armes une troupe d’élite spécialisée dans la lutte contre les démons. Le convoi avait repris la route, se dirigeant vers l’Est, hors des limites du Duché de Kamijo. Ainsi débutait la quête de Zin. Puisque ni Kamijo, ni Kisaki ne se préoccupaient des apparitions de plus en plus fréquentes de démons dans le royaume, il s’en chargerait. Il découvrirait quel mystère se cachait derrière la plume de paon magique et chasserait tous les démons de Xanadu. (1) Zin :
- Chapitre 3:
En franchissant les limites du duché, Zin réalisa que sa quête ne serait pas si facile. Même si les autres régions du royaume n’étaient pas touchées par la crise économique qui frappait le duché de Kamijo, elles n’étaient pas épargnées par les démons.
Le convoi de Zin voyageait depuis près de deux semaines. La plupart du temps, Zin s’ennuyait tout seul dans son carrosse. En plus, le chat de Masashi ne pouvait pas voyager à cheval alors Zin devait supporter sa présence dans le carrosse. Masashi, quant à lui, formait ses soldats. Les hommes et femmes qui les avaient rejoints n’étaient que des gardes de campagne, ils n’avaient aucune expérience de bataille, hormis la bataille contre les démons qui avaient ravagé leur village. Mais ils étaient plein de bonne volonté et étaient totalement dévoués à leur nouveau seigneur. Zin les avait sauvés, et ils allaient désormais l’aider à sauver de nombreuses autres vies.
Quelque fois, Zin descendait de son carrosse et chevauchait avec eux et Masashi. Il n’était pas habitué à avoir des sujets, mais il essayait d’être proche d’eux et d’en apprendre plus sur eux. Il était assez fier de lui. Kamijo avait beau dire qu’il n’était pas fait pour la politique, qu’il ne savait rien faire d’autre que chanter et que son seul atout était sa beauté, Zin trouvait que ses premiers pas en tant que seigneur démarraient plutôt bien. D’ailleurs, c’était totalement hypocrite de la part de Kamijo de dire ce genre de choses, puisque lui aussi ne comptait que sur son charme en toute situation.
Le convoi de Zin n’errait pas sans but à travers le pays. Partout où ils passaient, ils demandaient aux habitants s’ils n’avaient pas entendu parler d’une invasion de démon dans les environs. Ainsi, ils eurent l’occasion de participer à deux nouvelles batailles.
Les soldats de Masashi s’étaient battus avec une ferveur digne de leur nouveau maître, malgré la peur qui leur tiraillait les entrailles. Grâce à cette petite troupe d’élite, Masashi avait pu prêter main forte aux villageois, consolider leurs défenses et organiser la contre-attaque. Au moment critique, le général accompagnait toujours Zin à l’épicentre de la malédiction, avec quelques soldats, afin de le protéger pendant qu’il la dissipait.
Au premier village, Zin avait ressenti les mêmes effets néfastes de la magie noire qu’au village du duché de Kamijo. Plus il s’approchait de la source de la magie démoniaque, plus ses pouvoirs s’affaiblissaient. Après avoir brisé la malédiction, il s’était une fois de plus évanoui, à bout de force.
Cependant, la deuxième fois, il résista bien mieux aux relents de magie impie qui l’envahissaient. Il avait réussi à briser la malédiction beaucoup plus vite et ne s’était pas évanoui après, bien que le processus le fatigue encore grandement. C’était le signe qu’il commençait à s’habituer à ce type de magie noire. Mais cela n’était pas pour le rassurer. Est-ce que son corps et son esprit développaient des défenses spirituelles l’empêchant de céder à la faiblesse que cette magie induisait, ou est-ce qu’au contraire la magie noire commençait à prendre possession de son âme et que c’était pour cela qu’il en ressentait moins les effets ? Il n’avait pour l’instant pas la réponse, mais cela l’inquiétait.
Les malédictions dont étaient frappés les deux villages qu’il avait sauvés étaient aussi issues de plumes enchantées, déposées sur l’autel d’anciens temples, au centre d’un cercle magique. En apparence, il s’agissait de simples plumes de paon, mais elles dégageaient une telle aura maléfique… Comment était-ce possible ? Zin n’avait jamais entendu parler d’un enchantement aussi puissant lors de ses cours au collège de magie d’Arcadia.
Zin se disait d’ailleurs que cela ne serait pas du luxe de se replonger dans ses cours et ses grimoires. Il avait besoin d’en apprendre plus sur la conjuration. Il espérait ainsi pouvoir briser plus facilement ces malédictions et également protéger son corps et son esprit contre l’énergie démoniaque des plumes. Mais ses cours et la plupart de ses grimoires étaient restés au château de Kamijo… Peut-être pourrait-il demander à Yuki de lui faire envoyer ? A condition bien sûr que Kamijo n’ait pas brûlé toutes ses affaires, dans un accès de colère…
Zin avait reçu des nouvelles de son frère, par l’intermédiaire d’un billet envoyé par Yuki. Le maître-espion avait tenu sa promesse d’observer Kamijo et de faire part de son comportement à Zin. D’une main hésitante, appréhendant le contenu du message, Zin déplia le billet et le lut.
Les informations qu’il contenait étaient loin d’être passionnantes… Zin apprit ainsi que Kamijo avait fait fouetter deux villageois qui avaient osé siffler Kaya, un de ses amants, ou qu’il était allé au port acheter une nouvelle pieuvre, car une seule ne leur suffisait plus. Mais la vie quotidienne de son frère ne l’intéressait pas ! Ce qu’il voulait savoir, c’était si Kamijo mobilisait des troupes ou passait des accords secrets avec d’autres seigneurs…
La seule chose utile qu’il avait pu apprendre était que Kamijo avait très mal réagi à son départ. Apparemment, il disait à qui voulait l’entendre que Zin reviendrait au château en rampant dans un mois tout au plus.
A la lecture du message, Zin fut très contrarié. Alors comme ça, Kamijo ne le pensait pas capable de se débrouiller tout seul ? Il pensait qu’il reviendrait en rampant vers lui comme une larve, implorant son pardon ?! Certainement pas ! Zin ne reviendrait jamais ! Il préférait encore mourir face aux démons ! Il était tellement en colère que le parchemin avait gelé entre ses mains, sans qu’il ne s’en rende compte, et qu’il avait également failli congeler le chat de Masashi.
Puisque c’était comme ça, Zin allait prendre définitivement ses distances avec son frère. Il allait afficher publiquement sa rupture avec le Duc Kamijo en devenant son propre seigneur !
Puisqu’il était riche, il acheta un château actuellement inoccupé et les terres alentours. De nombreux villageois venant des villages qu’il avait sauvés élurent domicile dans son domaine, construisant un nouveau village et exploitant les terres arables. Ainsi, Zin était devenu un véritable seigneur.
Le château qu’il avait acheté était une ancienne place forte au sommet d’une colline, réaménagée afin d’en faire un élégant palais. Cette situation était idéale, car l’endroit était facilement défendable et Zin pouvait à nouveau profiter de la vie de château qu’il aimait tant, sans avoir le chat de Masashi dans les pattes.
Cependant, c’était tout de même très différent de quand il vivait chez Kamijo. Il n’oubliait pas son but, combattre les démons, et travaillait donc avec acharnement. Il avait acheté toute une collection de grimoires spécialisés dans la conjuration, le démonisme, les malédictions en tout genre, la lutte contre la magie noire, etc. et passait beaucoup de temps à étudier. Il tentait également d’analyser les trois plumes de paon en sa possession, mais ses recherches restaient pour l’instant vaines, ce qui le frustrait au plus haut point.
Devoir gouverner des sujets n’était pas non plus aussi facile que cela en avait l’air. Cela lui prenait beaucoup de temps et il était las. De plus, le château était presque vide. A part les valets et Masashi qui y avait ses quartiers, personne d’autre que lui ne vivait au château. Vivre dans un grand château vide ne l’aidait pas à garder le moral. Ainsi, même s’il agissait en seigneur modèle, il était atteint d’une profonde mélancolie.
Masashi passait ses journées à entraîner les soldats, et ne rentrait au château que le soir venu afin de diner avec son seigneur. Du temps de Kamijo, Masashi n’était qu’un simple conseiller et dinait avec ses soldats, mais vu que le château était vide et que Zin se sentait seul, il avait insisté pour que le général dine avec lui. La nourriture était excessivement riche, mais beaucoup moins que ce dont le jeune noble avait l’habitude. Fini par exemple les macarons et le foie gras…
"Je n’aurais jamais cru que c’était si dur d’être un seigneur…" soupira-t-il, s’appuyant sur la balustrade du balcon de l’immense salle à manger vide, après le diner. Dehors, on pouvait voir de la lumière aux fenêtres du village qu’avaient construit les réfugiés à côté du château. "Je voulais juste aider le peuple, pas devenir un symbole…"
"Ces gens vous suivent parce qu’ils le veulent bien, monseigneur, c’est là votre différence avec les autres seigneurs," dit Masashi en s’approchant du balcon. "Vous êtes leur héros." Zin eut un mouvement d’inconfort.
"Vous êtes autant un héros que moi, Masashi," répondit-il, secouant la tête. "Ce n’est pas comme si j’avais tout fait moi-même. Pourtant, c’est moi qui suis responsable d’eux maintenant…"
"N’importe quel soldat aurait pu remplir mon rôle," le contredit Masashi. "En revanche, seul un puissant mage comme vous pouvait briser ces malédictions. Vous avez eu le courage de vous opposer à votre frère et de risquer votre vie pour sauver ces gens, c’était noble de votre part. Vos sujets vous suivront désormais quoi que vous fassiez."
"Mais quand même," soupira Zin, sa voix mélancolique. "L’époque où j’étais barde me manque... J’étais insouciant, je vivais dans l'ombre de mon frère, dans le luxe. Ma seule préoccupation était de chanter. Je me fichais du reste, de la politique, du peuple… Je n’avais qu’à chanter et être beau, et j’avais tout ce que je voulais, les seigneurs et les dames me courtisaient et me couvraient de cadeaux. Et aujourd’hui je suis seul, dans ce grand château vide… Kamijo avait peut-être raison, j’aurais peut-être mieux fait de ne pas me mêler de politique…"
Il poussa un profond soupir, se laissant aller à la tristesse. Cette vie de solitude n’était pas faite pour lui. Si au moins ses recherches progressaient, peut-être que cela lui pèserait moins.
"Vous n’êtes pas seul, monseigneur, je suis là aussi," dit Masashi après un moment de silence. Sa voix était étonnamment douce, réconfortante. Zin esquissa un faible sourire. Il était heureux d’avoir le général à ses côtés, c’était un homme compétent et fiable. Mais il était également d’une grande gentillesse, malgré son apparence sombre et stricte.
Zin observa discrètement le général du coin des yeux. Sa solitude serait sûrement plus supportable s’il avait un homme avec qui la partager, pensa-t-il. Et Masashi était juste à côté de lui, si proche… Zin sentit son cœur se serrer. Il était troublé, comme souvent en présence de son conseiller. Il faut dire que le général était grand et fort et ne laissait pas le jeune homme indifférent. Son visage, malgré ses traits durs, était attirant et Zin se surprit à imaginer quel goût pouvait bien avoir ses lèvres.
Il avait envie de connaître la réponse. Si seulement il osait se rapprocher de Masashi... Il rougit et son cœur se mit à battre plus vite. Des images apparaissaient dans son esprit. Il rêvait que le général le plaquait contre le mur, là maintenant, et l’embrassait passionnément, ses lèvres brûlantes réchauffant sa peau rendue gelée par des années de pratique de la magie de glace. Il voulait sentir ses bras musclés autour de son corps, et ses immenses mains le toucher, le caresser, puis lentement s’insinuer sous ses vêtements.
Il secoua vivement la tête pour reprendre ses esprits. Pourquoi pensait-il à ce genre de choses ? C’était ridicule ! Se sentait-il à ce point seul qu’une simple parole réconfortante suffisait à lui faire imaginer des choses ? Mais il n’était pas si proche du général, et puis il ne savait même pas si Masashi avait une inclination pour les hommes…
Bien sûr, il avait entendu des rumeurs d’une romance secrète entre le beau général et le jeune Teru, mais cela semblait hautement improbable. Teru était l’amant de Kamijo, et le Duc n’aimait pas partager. De l’avis de Zin, ce n’était qu’une légende, une fabulette, un conte pour jeunes femmes un peu bizarres en manque de fantasme. Pour preuve, Masashi avait suivi Zin de son plein gré hors des limites du Duché, et donc loin de Teru, en sachant pertinemment qu’ils ne reviendraient jamais.
Zin soupira une fois de plus. Il n’oserait pas tenter de se rapprocher de Masashi ce soir. Son habituel confiance en lui faisait défaut quand il était proche du général. Et puis il avait trop peur d’être rejeté, il ne pourrait plus supporter de devoir travailler avec Masashi si c’était le cas. D’autant plus qu’il n’y avait qu’eux dans le château, et que sa solitude serait vraiment totale si le général le rejetait.
D’un air triste, il se détourna du balcon. Il prétexta qu’il devait retourner à ses études et souhaita bonne nuit au général, puis sorti de la pièce en essayant de conserver une allure digne.
Au lieu de retourner étudier, il demanda aux valets de lui préparer un bon bain chaud. Il espérait que cela le détende un peu, mais même l’eau chaude ne parvint pas à chasser sa mélancolie. Il alla se coucher tout de suite après, déprimé. Cette nuit-là, ses rêves furent hantés par l’image du général, revenant sans cesse dans ses fantaisies érotiques.
- Chapitre 4:
Zin devait se ressaisir. Et pour cela, il avait besoin d’action ! Il ne pouvait pas se laisser tourmenter par la solitude dans ce grand château vide et par la frustration de ne pas comprendre l’enchantement des plumes. Il avait aussi besoin de gagner en influence. Il ne pourrait pas combattre tous les démons seul, ni uniquement avec l’aide de Masashi. Il lui fallait des ressources et des soldats, et pour cela il devait avoir le soutien des nobles.
Il devait marquer les esprits, montrer à la fois au peuple et aux seigneurs qu’il était un puissant mage capable de débarrasser Xanadu des démons. Il devait donc frapper un grand coup !
Comme tous les soirs, Masashi partageait la table de son maître. Ce soir-là, les cuisiniers avaient préparé des mi coquelets, farandole de champignons. Zin profita de ce diner pour faire part de sa résolution à son conseiller.
"J’ai pris une grande décision, général," annonça-t-il d’un ton dramatique. "Nous allons libérer la ville de Celmisia !"
Masashi fut tellement surpris qu’il faillit s’étouffer avec un morceau de coquelet. Il toussa pendant un moment avant de répondre.
"Libérer Celmisia, monseigneur ? Vous êtes sûr ?" demanda-t-il. Zin semblait percevoir une pointe de crainte dans sa voix. Le valeureux général aurait-il peur, se demanda-t-il ? Il ne s’attendait à cela de sa part. Pourtant, il y avait de quoi avoir peur.
Celmisia était une grande ville au Sud du royaume de Xanadu, réputée pour ses fleurs et son art de vivre, mais surtout pour sa culture musicale. Elle comportait de nombreux opéras et salles de spectacle, ainsi que le Conservatoire National de Xanadu. Zin avait chanté dans les plus belles salles de Celmisia, devant toute la noblesse locale. Pourtant, depuis quelques temps, Celmisia n’était plus que l’ombre d’elle-même.
Depuis près de deux mois, Celmisia subissait un siège de l’intérieur, en proie aux démons. Mais alors que les démons semblaient apparaître habituellement dans des villages et des petites villes qu’ils pourraient facilement raser en quelques jours, Celmisia était suffisamment grande et bien gardée pour résister. Mais la situation était de plus en plus critique. Les démons continueraient d’apparaître tant que la malédiction n’aurait pas été brisée, alors que les défenseurs, quant à eux, étaient en nombre limité. Et ce nombre s’amenuisait de jour en jour.
"Oui, je suis sûr. Auriez-vous peur ?" demanda le jeune noble d’un air surpris.
"C’est pour votre vie que je crains, monseigneur," répondit Masashi, fronçant les sourcils.
"P… Pour ma vie ?" répliqua Zin, rougissant. "Que voulez-vous dire ?"
"Vous ne seriez pas le premier mage à tenter de libérer Celmisia, mais aucun n’ont survécu…"
"C’est vrai… Mais ce ne sera pas pareil cette fois ! Je commence à avoir de l’expérience pour briser ces malédictions, et puis nous avons une troupe d’élite spécialisée dans la lutte contre les démons."
"Sauf votre respect, monseigneur, vous n’avez conjuré que trois fois cette malédiction. Quant à notre troupe d’élite, elle n’est composée que d’une trentaine de soldats n’ayant livré que trois batailles dans leur vie."
"L’armée de Celmisia sera également sur place, nous allons seulement leur prêter main forte. Et même si je n’ai pas encore trouvé l’origine de la malédiction, je résiste mieux à ses effets désormais."
"… C’est trop dangereux…" répondit Masashi, après quelques instants de silence. "Je pense qu’il est encore trop tôt pour sauver Celmisia. Pourquoi ne pas continuer à sauver quelques villages ? Ainsi, vous pourriez peut-être mieux comprendre l’origine de la malédiction, et nous pourrions recruter davantage de soldats."
Zin soupira. Il y avait pensé, bien entendu, mais était arrivé à la conclusion que c’était la seule solution.
"A chaque bataille, nous recrutons des soldats mais nous en perdons aussi, général," expliqua-t-il. "Et si je n’ai rien découvert sur les plumes retrouvées dans ces villages, il n’y a pas de raison que cela soit différent pour d’autres villages. De plus, pour être efficace, nous aurons besoin du soutien des nobles. Celmisia est un haut lieu de la culture Xanadienne, la libérer sera un symbole fort. Evidemment que cela comporte des risques, mais n’aviez-vous pas dit vous-même après notre première bataille que toute guerre nécessite des sacrifices ?"
Le général ne répondit pas. Zin avait sans doute raison, pensa-t-il, mais il ne voulait pas que son jeune maître se mette à ce point en danger. Si quoi que ce soit lui arrivait, il ne pourrait pas se le pardonner.
"Et puis, même si c’est dangereux, vous serez là pour me protéger, n’est-ce pas, général ?" ajouta-t-il, un faible sourire sur les lèvres.
Masashi soupira. Zin avait pris sa décision de toute façon, ils iraient à Celmisia.
"Je vous suivrais quoi que vous fassiez, monseigneur," répondit-il, s’inclinant légèrement. "Je vous protégerais jusqu’à la dernière goutte de mon sang."
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Sexe : Messages : 507 Date d'inscription : 30/06/2015
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