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SANCTUARY
Auteurs : Ikegami Ryoichi (dessins) et Buronson (histoire)
Editeur : Shogakukan (Japon), Kabuto (France)
Genre : Action, drame, tragédie
Statut : Terminé (12 volumes)
Date : 1990-1995
Synopsis Asami et Hojo sont deux amis d'enfance. Ils se lancent dans un plan destiné à secouer le Japon, fâchés avec la politique, le premier dans la lumière comme politicien et le second dans l'ombre comme yakuza. Avis personnel Sanctuary est un manga d'Ikegami Ryoichi et Buronson (alias Sho Fumimura) publié de 1990 à 1995 au Japon. Ses bonnes ventes ont conduit à une adaptation en un OAV d'environ une heure en 1996 et avant cela un film live-action en 1995. Les deux premiers tomes du manga ont été licenciés par Glénat mais la parution s'arrête par la suite puis SEEBD reprend l'édition via la collection Kabuto et finit la publication en 2005.
Ce qu'il faut savoir c'est que Sanctuary est une oeuvre complexe ; on est en plein cœur de la politique japonaise du début des années 90 et des conflits entre yakuza et divers mafias. Les compromis, trahisons et raisonnements tordus sont nombreux. Le manga nous montre des dualités dans plusieurs domaines : les jeunes adultes contre les vieux politiciens ou yakuza, les politiques et les yakuza... Des personnes ou organisations qui a priori s'opposent mais qui sont très proches finalement. Il est préférable d'être majeur pour le lire évidemment, pas seulement pour l'histoire mais aussi car, puisqu'il s'agit de politique et de gangs, le sexe y est forcément présent et ça ne s'arrête pas à une planche de femme nue. Concernant les personnages, nous avons deux héros : Asami Chiaki (au premier plan) et Akira Hojo (en arrière plan). Asami tout d'abord, dans le plan élaboré par les protagonistes, il sera le politicien, il devra se frayer un chemin à travers la Diète japonaise (parlement ou assemblée) et ainsi y décrocher un poste afin de mener leur révolution en pleine lumière, aux yeux du peuple. Mais lorsque l'on a la trentaine, que l'on est dans aucun parti et que l'on n'est pas connu du paysage politique japonais, faire son trou dans cet environnement semble être un long chemin périlleux. De l'autre côté, dans son ombre, se trouve Akira Hojo, il agira en tant que yakuza et tentera de révolutionner la pègre japonaise. En ce qui le concerne, il est déjà yakuza au début de l'histoire mais, comme Asami, il n'a certainement pas le plus beau rôle. Vu comme ça, on pourrait se dire qu'Asami est le véritable héros de l'histoire mais ça n'est pas le cas : Hojo attire beaucoup l'attention sur lui, c'est un yakuza propre sur lui, "tout dans la tête" en quelque sorte mais vous verrez par la suite qu'il n'a aucun mal à se comporter comme un vrai yakuza, du moins l'image que l'on se fait d'un voyou ou d'un mafieux japonais. Mais il n'y a pas qu'Asami et Hojo, les personnages secondaires sont très bien traités, que ce soient les amis/ennemis politiciens/yakuza ou alors la police. Ainsi, nous verrons diverses intrigues se mêler et celles-ci auront forcément un impact sur la principale. Sanctuary présente une dualité politique/mafia qui fait la part belle au mélange réflexion/action et là aussi Buronson ne s'est pas manqué : au sein de la Diète japonaise et du monde politique japonais, vous aurez droit à des trahisons, des manœuvres de déstabilisation, du chantage, des retournements de situations et un peu de culture générale avec quelques références passées voire "futures" par rapport à l'époque du manga (le concept de société écran chez les yakuza par exemple) et chez les yakuza il y aura forcément de l'action mais il n'y a qu'un pas entre action et politique dans la mafia et les évènements autour de ce milieu sont plus riches. Comme je vous le disais, Sanctuary est un manga complexe, alors avant de vous lancer dans la lecture je vais essayer de vous la faciliter un peu pour ne pas être perdu trop vite dans les explications :
Le système politique japonais :
Au Japon, il y a un empereur qui est surtout un titre honorifique, il y a le premier ministre qui dirige au sein du cabinet tout comme le secrétaire général du cabinet (qui est un personnage clé du manga) qui est chargé de s'exprimer au nom du gouvernement, de gérer les services du premier ministre, la gestion de la communication... Bref, ce secrétaire général peut être vu comme celui qui fait tourner la machine derrière le premier ministre et, bien entendu, autour d'eux, il y a des ministres d'Etat. Le premier ministre est nommé par ses pairs au sein de la Diète et, comme dit précédemment, siège au cabinet ; le cabinet représente le pouvoir exécutif. Bien entendu, c'est le parti ayant la majorité qui place les ministres d'Etat, le secrétaire général et le premier ministre. Dans Sanctuary, c'est le PLD (Parti Libéral-Démocrate) qui a la main mise sur le paysage politique nippon. Pour l'anecdote, ce fut le cas également entre les années 50 et 90, puis de la fin des années 90 à 2009 et en ce moment depuis 2012. L'auteur s'est donc inspiré de l'histoire locale pour placer le parti politique dominant de l'intrigue.
Bien évidemment, il y a des élections et, comme dit dans le synopsis, les Japonais sont "fâchés" avec la politique. Le PLD domine, il gère un pays qui, depuis l'après-guerre, est un état prospère, nul besoin de s'inquiéter à première vue. Mais le rôle d'Asami et d'Hojo, plus précisément d'Asami dans cette partie, sera de réveiller le Japon de sa torpeur (sans vous dire comment et pourquoi évidemment, car, comme vous l'avez lu, la situation ne semble pas aussi alarmante). Et qui dit élections, dit guerre politique entre les candidats, entre les partis, voire entre candidats d'un même parti.
Les yakuza :
Voici l'organisation d'un clan de yakuza classique : Nous retrouvons plus ou moins ce schéma dans le manga, mais les yakuza n'ont pas toujours eu la même image. Si vous en savez un minimum sur le sujet, vous savez déjà que les yakuza sont une sorte de "mafia publique", ils ne se cachent pas. Si vous ne le saviez pas, un petit retour en arrière s'impose pour savoir pourquoi ils n'ont pas besoin de se cacher. Au départ, les origines de la pègre japonaise divergent : anciens joueurs de casino, samouraïs sans maître qui testaient leurs nouvelles armes sur les passants... Bref, les yakuza sont vus comme des losers, les déchets de la société en quelque sorte et être associé à eux est très mal vu (et ça c'est important par rapport à ce qu'il se passe dans le manga). Cependant, les yakuza ont un code d'honneur issu de la chevalerie, le ninkyodo ou jingi selon ce qu'on peut trouver, comme information et étant donné que ces yakuza qui respectent des règles précises (tu ne piqueras pas la femme du voisin, tu ne touches pas aux civils, tu fais ce que te dit ton boss...) vont inspirer les réalisateurs japonais ce qui accouchera du yakuza eiga (films japonais autour des yakuza) qui donne une image très positive des yakuza (mafieux se battant contre d'autres mafieux mais ayant un certain honneur et un esprit chevaleresque). L'image des yakuza grimpe encore pendant la deuxième guerre mondiale : ils fournissent des prostituées et se battent contre les mafias étrangères tentant de prendre le contrôle du marché noir japonais pendant l'occupation américaine et le gouvernement japonais soutenait les yakuza dans cette bataille. La mafia japonaise avait donc le soutien et des politiques et de la police. Cependant, le Japon retrouve peu à peu son autonomie et l'ordre revient ; le peuple, les forces de l'ordre ou le pouvoir exécutif n'ont plus vraiment besoin d'organisations de l'ombre agissant dans l'illégalité pour protéger les intérêts du pays. Une loi anti-gang est votée en 1992 et stipule que si une bande est fichée elle devra faire face à des restrictions. Dans le manga, cette loi n'est pas clairement évoquée.
Tout ça pour quoi ? Pour vous expliquer pourquoi Hojo peut d'emblée dire qu'il est un yakuza sans se faire arrêter par la police. Oui, c'est un yakuza et les forces de l'ordre savent ce que ça veut dire, mais tant qu'il n'y a pas de preuve de ses activités et au vu du passé social des yakuza, il ne peut pas être arrêté.
Le contexte du manga est proche de celui de la réalité : les yakuza ne sont plus vus comme des "bandits chevaleresques", ils sont vus comme des voyous qui peuvent faire du mal aux civils ou qui sont sources de conflits et bien entendu le quotidien d'une mafia y est présent : meurtres, viols, règlements de comptes...
Graphiquement :
C'est peut-être le point faible du manga au vu de notre époque : à l'image du chara-design des deux héros, ça fait un peu vieillot. Ça n'empêche pas de penser qu'Ikegami Ryoichi a un beau coup de crayon à l'image de ce personnage dont je vous tairai l'identité : On a vraiment l'impression de se retrouver devant un vrai vieil homme japonais. Des personnages un peu démodés dans le chara-design mais un beau sens du détail et vu le charisme des personnages et l'intensité de l'histoire, ça ne pose pas vraiment problème.
Bref, Sanctuary est un manga enrichissant au niveau culturel (et pas seulement au niveau du Japon) tout en apportant sa dose d'action et de retournements de situations.
Dernière édition par Gumikai le Jeu 23 Jan 2014, 00:00, édité 4 fois |
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Sexe : Messages : 303 Date d'inscription : 30/10/2013
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Dans l'ensemble, ça a l'air plutôt pas mal, en tout cas ça a piqué ma curiosité. J'ai juste un peu peur d'être repoussée par les traits des dessins( et c'est juste primordial pour qu'un manga me plaise), mais surtout d'assister à de bêtes conflits politiques, et déjà que ça me gave dans la vie alors en lire, ça risque de rapidement me saouler x) J'vais surement essayer de me procurer ou de zieuter les premiers tomes. La série est vieille, je suppose que c'est galère pour trouver des exemplaires .. ?
En tout cas, +1 pour ta fiche :) |
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Sexe : Messages : 365 Date d'inscription : 22/06/2013
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C'est possible, je les ai lu en scans, les conflits politiques sont cependant un peu plus animés que dans la vraie vie, ils se contentent pas de petites piques dans les journaux, puis y a la partie yakuza qui est omniprésente, bien plus en action. Merci. :p |
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Sexe : Messages : 303 Date d'inscription : 30/10/2013
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