Les frères Yukimura (Shoutarou et Gentarou) perdent leur mère, morte du choléra. En pleine adolescence pour le premier et enfance pour le deuxième, ils vont devoir se débrouiller dans un Japon en pleine crise d'identité en devenant samouraï.

Sidooh est un manga de Takahashi Tsutomu paru de 2005 à 2010 au Japon ; le manga est encore en cours de parution en France. Le manga commence dans une période sombre du Japon, les étrangers arrivés par bateaux (les fameux navires noirs) ont ramené la maladie avec eux et beaucoup de Japonais sont victimes du choléra, parmi eux, la mère de Shoutarou et Gentarou Yukimura. Les deux jeunes garçons décident d'appliquer à la lettre la dernière volonté de leur mère : devenir des samouraïs mais surtout survivre dans un monde de brutes où les faibles ne font pas long feu. Les notions de base du samouraï sont présentes : bushi (code d'honneur), maniement du katana... Mais le code d'honneur dans Sidooh est bien particulier : chez les Yukimura, il est plus axé sur la fidélité envers ceux qu'ils servent ou protègent qu'envers leurs adversaires car, comme dit plus haut, le Japon est en pleine lutte pour ce qui sera, quoi qu'il arrive, une révolution : accepter les étrangers ou les expulser. Cette guerre, plus connue sous le nom du Bakumatsu, fut l'une des périodes importantes du Japon médiéval et, à l'image d'armées variées, les personnages le sont également tout comme les armes : sabres ou armes à feu, chacun son domaine.

Concernant les deux frères, ils sont assez opposés : un brun, un blond, Shoutarou est plutôt posé mais déterminé et dévoué tandis que Gentarou est exubérant, colérique et n'en fait qu'à sa tête. Rien d'original en vue mais un mélange qui fait son effet quand Sho' et Gen' sont dans un groupe, et s'associer avec d'autres samouraïs et intégrer un camp est primordial pour survivre, mais en temps de guerre, les personnages secondaires sont plutôt éphémères (si ce n'est Mozu, une jeune femme assassin travaillant avec eux) et la mentalité générale est à l'image du conflit : racisme, viols, meurtres, insécurité... Les deux camps ne se font pas de cadeaux et les frères Yukimura vont devoir passer d'enfants innocents à assassins aux convictions fermes et au talent certain. Cela n'a rien d'évident tant leurs fréquentations sont dangereuses et l'apprentissage n'est pas évident. Après tout, Shoutarou et Gentarou ont comme bases... Rien, justement. L'auteur insiste donc sur la débrouillardise dont ils vont devoir faire preuve pour arriver à atteindre leurs objectifs, être fort oui... Mais pour s'insérer socialement dans ce Japon incertain et sombre. De manière globale, Sidooh c'est surtout de l'action et de la stratégie, le genre le plus adapté à la guerre : savoir qui tuer, quand, comment par exemple, concernant l'action, c'est plutôt rapide et fluide, les combats sont simples (pas de fantasy à l'horizon) le tout rendant les échanges de coups plaisants avec des dessins bien détaillés au niveau des décors :

Le manga se démarque par un style de dessin un peu particulier : détaillé dans les décors mais brouillon au niveau du charadesign. Ça n'empêche pas les personnages d'avoir un certain charisme ou une certaine classe et comme le montre la première planche, les combats restent beaux. Parfois, c'est mieux quand les choses sont simples et c'est le cas de Sidooh : de bons personnages, une intrigue intéressante reprenant une bataille connue du Japon, de bonnes stratégies sans pour autant être trop compliquées, de l'action et un rythme rapide. Ça se lit plutôt vite avec une histoire qui monte en puissance.